PROJET DE FONTAINE

Alexandre FALGUIÈRE

Terre cuite originale signée « Falguière », datée 1859 et dédicacée à « M. Biscons hommage de l’artiste »
H. 133 x L. 85 x P. 38 cm.
1859

Bibliographie: A Moulinier, « Une toile inédite de Falguière », L’Art méridional, n°150, 15 juin 1900, oeuvre citée p. 94 ;  « Nécrologie », Le Rappel, 16 janvier 1903, sur les rapports de M. Biscons et Falguière ; Anne Pingeot,  « Le fonds Falguière au Musée du Louvre », Bulletin de la Société d’Histoire de l’Art Français, 1978, p. 263 à 290 ; Léonce Bénédite,  « Artiste contemporain Alexandre Falguière  », Revue de l’art ancien et moderne, t. XI, 1902, p. 65 à 86 ; Y. Rambosson, « Quelques œuvres peu connues de Alexandre Falguière», Les Arts, mars 1902, p. 28 à 32.

VENDU 

Description

Ce projet de fontaine est une œuvre de jeunesse de l’un des plus grands sculpteurs de la fin du XIXe siècle, une des rares qui nous soit parvenue. Alexandre Falguière la réalise en 1859, précisément l’année où il obtient le Premier Prix de Rome, une étape indispensable à tout artiste se destinant à une carrière officielle. Durant cette année il avait présenté de nombreux concours pour se préparer au grand prix de sculpture, jusqu’à ce qu’il obtienne cette ultime récompense le 3 septembre 1859 avec un bas-relief intitulé Mézence blessé par Enée et secouru par Lausus. Pourtant, en dépit de cette charge de travail, il a trouvé le temps de se rendre chez son vieil ami Bertrand Biscons au château de la Creuse à Portet-sur-Garonne pour y réaliser ce projet de fontaine. Alexandre Falguière, originaire de Toulouse, est en effet un créateur prolifique, passionné, brillant et rapide. Homme du moment il est coutumier du fait d’entreprendre de front différentes réalisations suivant son enthousiasme.

D’abord élève de Griffoul-Dorval à l’Ecole des Beaux-arts de Toulouse, c’est grâce à une pension de cette municipalité qu’il vient à Paris en 1854 pour entrer à l’École des Beaux-Arts comme élève du sculpteur François Jouffroy. Il débute ensuite au Salon à partir de 1857 et y expose régulièrement. Il reste cependant toujours très attaché à sa région natale et y revient fréquemment notamment chez le maire de Portet-sur-Garonne, réputé pour l’accueil qu’il réservait à ses amis artistes.

C’est donc pour lui qu’il réalise ce projet de fontaine, considéré comme un caprice du moment et qui montre une jeune fille se mirant dans l’eau d’une coquille que lui présente un Amour. En dépit du sujet classique la composition est vivante, légère et joyeuse. Elle illustre parfaitement le sens de la mise en scène de l’artiste qui cherche à organiser un véritable tableau vivant, ce qui a d’ailleurs fait sa réputation. Ainsi, ayant juste comme ornements un collier et une chaîne de pied, la figure féminine est assise nue sur un rocher. Seules les jambes sont en partie recouvertes d’une draperie qui retient quelques marguerites, dont elle cherche à se parer la chevelure. Pour ce faire elle se tourne légèrement vers un adorable Amour tout potelé qui lui tend une coquille faisant office de miroir. Le corps est souple, la pose est gracieuse et la sculpture se trouve comme libérée par le mouvement induit par la torsion. Ce goût du mouvement a souvent permis de comparer Alexandre Falguière à Michel-Ange ou à Jean Goujon.

Le projet était toujours en place au château de la Creuse à la mort du sculpteur, en 1900. De nombreux artistes avaient alors émis le souhait de le voir réalisé en bronze afin d’orner la rue Valade, lieu de naissance de Falguière à Toulouse. Ce projet n’a cependant jamais vu le jour. Il n’en reste donc que notre exemplaire en terre cuite.