TORSE DE FEMME

Louis DEJEAN 

Marbre de Carrare, signé  « L. Dejean »
H. 39,5 x L. 14 x P. 10,5 cm.
Circa 1930

Pièce unique

Œuvres en rapport : Louis Dejean, Torse de femme, bronze, 1923, H. 82 cm, St Quentin, musée des Beaux-Arts Antoine Lecuyer, inv. L 109 ; Louis Dejean, Torse de femme, marbre, 1926, H. 100 cm, Mont-de-Marsan, musée de la ville, inv. MM 84. 6. 1 ; Louis Dejean, Torse de femmme, grès tendre, 1935, Paris, Mobilier National, GML 6522 ; Louis Dejean, Torse de femme, marbre, (achat salon 1945), H. 155 cm, FNAC en dépôt à la mairie de Calais, inv. 6627 ;

Bibliographie : Raymond Martinie, La sculpture, Paris, 1928 ; Bernard Champigneul, « Dejean », Mobilier & Décoration, 1937, p. 120 à 125, Amandine Placin-Geay, «  La bande à Schnegg : examen d’un groupe de sculpteurs indépendants », Histoire de l’art, n°53, nov. 2005, p. 45-55.

 



Description

 

Avec la maturité Louis Dejean abandonne progressivement le style nerveux et pittoresque qui avait fait son succès avec ses petites figures de Parisiennes pour se concentrer sur des formes plus épurées, tendant davantage vers le style de Maillol. Il va ainsi évoluer vers une sculpture plus calme à la composition équilibrée, aux volumes simples et sensuels, affirmant son goût pour la beauté des corps féminins et plus particulièrement pour les bustes et les nus. Comme le souligne Henri Martinie (op. cit., p. 78) « cette tendance (…) atteint son plus beau développement et une puissante harmonie dans des torses de femme, surtout dans celui que l’artiste exposa au Salon des Tuileries de 1926, où il remporta un succès justifié auprès des artistes aussi bien que du public ».

Il présente en effet un torse de femme acéphale, sans bras, seul le départ du bras gauche étant levé tandis que son pendant à droite est baissé. Cette dyssimétrie, augmentée par un léger déhanchement, se retrouve au niveau des jambes avec celle de droite légèrement avancée par rapport à celle de gauche, toutes deux coupées sous le genou et reposant directement sur un socle.

Fort de l’accueil de ce modèle, créé en 1923, Louis Dejean en a réalisé de nombreuses variantes presque jusqu’à la fin de sa vie, jouant sur la longueur des cuisses, la position des épaules, l’importance des parties de bras et la forme du socle. Afin de multiplier les effets produits possibles il l’a aussi traduit dans différentes matières, car cet ancien praticien de Rodin maîtrise parfaitement toutes les techniques et en particulier la taille directe. Il réalise ainsi des Torse de femme en bronze, en pierre, en grès tendre ou en marbre comme dans le cas de notre sculpture.

Cette dernière est peut-être la version la plus équilibrée. Si elle reprend dans l’ensemble la composition de 1923, les jambes sont coupées au-dessus du genou ce qui offre une meilleure répartition entre le haut et le bas du corps de part et d’autre de la taille. Celle-ci est, par ailleurs, davantage soulignée et présente un déhanchement plus franc ce qui a pour effet d’augmenter la dynamique de la sculpture ainsi que sa sensualité, déjà accentuée par le choix du matériau.

Notre sculpture est en effet réalisée dans un beau marbre blanc de Carrare dont les nombreux cristaux donnent un effet grain de sucre permettant à la lumière de jouer subtilement sur les courbes du modèle, effet intéressant particulièrement Louis Dejean pour qui « la lumière est la poésie de la sculpture (…) » (A. Placin-Geay, op. cit., p. 51).

Une sculpture plus grande mais de composition similaire, ayant vraisemblablement fait appel au même modèle, avait été vendue directement par l’artiste en 1939 à M. Roger Bessard, directeur de publication de l’Encyclopédie française ainsi que l’attestait le reçu fait à cette occasion  (ancienne collection Galerie Nicolas Bourriaud).

Quand on sait la difficulté qu’il y avait pour ces artistes, encore peu connus, à se procurer un modèle, on peut raisonnablement penser que notre sculpture est contemporaine de celle de M. Bessard.