Description
Naturaliste dans l’âme, Guyot s’inscrit dans la lignée de Barye. Comme ce dernier il fréquente assidûment le Jardin des plantes, assiste aux dissections et étudie quasi scientifiquement l’anatomie animale sans laquelle il lui semble qu’on ne peut comprendre totalement le modèle. Il va ainsi jusqu’à collectionner les squelettes d’animaux.
Les félins, en particulier, retiennent son attention. A travers leur cage il peut les observer à loisir et multiplier les croquis. Leur souplesse, la noblesse et la dignité de leur comportement en dépit de l’espace restreint dans lequel ils évoluent le fascinent. Mais c’est libres qu’il aime les représenter, comme s’ils évoluaient dans leur milieu naturel et dans leurs attitudes les plus typiques, choisissant des positions tantôt tendues, ainsi la Lionne se tournant, la Lionne aux aguets ou encore la Lionne à l’affut, tantôt détendues comme dans le cas de la Lionne se léchant, la Lionne assise ou la Lionne couchée, sujet de notre sculpture également dénommée Panthère couchée.
Le dessin d’une Lionne couchée a été présenté en 1931 à la 13e exposition de la Société des Artistes Animaliers Français. Puis un modèle a été exposé en plâtre en 1935 d’abord à la Galerie Malesherbes puis au Salon d’automne. On y retrouve la même position de la lionne, allongée sur le ventre, pattes avant tendues, la queue reposant nonchalamment entre les deux pattes arrière. Ce modèle a été édité en bronze dans un un petit format et sur un socle haut.
Notre sculpture, au contraire, est de dimension plus importante et repose sur une terrasse peu élevée. Si l’allure générale de l’animal est semblable au modèle précédent, notre bronze présente quelques différences dans la position de la tête, des pattes et de la queue, mais également dans le traitement plus animé de la matière, ce qui rend l’animal si vivant. La peau du bronze traduit tout le travail de la cire avant la fonte et révèle ainsi le talent de l’artiste à restituer la musculature de l’animal sous l’épais pelage. La qualité de la fonte et de la patine est telle que Guyot a probablement supervisé la fonte.
Celle-ci a été confiée à la fonderie Susse dont les archives établissent qu’il n’y a pas eu de contrat d’édition pour ce modèle. Il s’agit donc d’un tirage unique ou du moins en très petite quantité qui a été demandé par l’artiste pour son propre compte, ce qui explique aussi tout le soin qu’il lui a donné. La marque posée sur le bronze est bien « Susse Frères Fondeurs Paris » et non « Editeurs Paris », ce qui confirme qu’il n’y a pas eu d’édition de ce bronze.
Notre sculpture est donc un exemplaire d’une grande rareté, voire unique.