PORTRAIT DE JEUNE FILLE (1929)

MARCEL GIMOND 

Bronze à patine brun noir nuancé, porte le monogramme de l’artiste.
Fonte d’Attilio Valsuani, porte le cachet du fondeur « A. VALSUANI CIRE PERDUE »
H. 24 x L. 17 x P. 20,5 cm. Socle cubique en bois noirci. H. totale : 38,7 cm
Circa 1929

Œuvre en rapport : Marcel Gimond, Miss Emma Slevins, Paris, Centre Pompidou, inv. AM501

Bibliographie : Paul Fierens, Marcel Gimond, Sculpteurs Nouveaux, NRF, Paris, 1930, modèle reproduit p. 61 ; François Fosca, « Le salon d’Automne de 1929», L’Amour de l’Art, 1929, modèle reproduit p. 457 ; Laurence Sallenave, Marcel Gimond 1894-1961 Centenaire, cat. d’exposition au Château d’Aubenas du 5 août au 30 septembre 1994, Aubenas, 1994.



Description

Très rapidement Gimond se spécialise dans les bustes, ce qui lui vaudra quelques railleries de son ami Maillol aux côtés de qui il travaille un certain temps. Ce réceptacle de la pensée qu’est le visage humain est pour lui la partie la plus intéressante du corps humain. Il ne cherche pas à en reproduire fidèlement les traits mais plutôt à saisir le type auquel un visage appartient à la lumière des constantes de la sculpture, toutes époques confondues. Le modèle ne sert que de prétexte. Il cherche, ainsi, à affirmer la pérennité d’un caractère typique mais qui, pour rester vivant, doit avoir l’apparence d’une individualité.

Pour exprimer plastiquement ses recherches il s’engage dans la voie géométrique et architecturale de la nature en définissant tout visage par l’horizontale du frontal et la verticale du nasal, soit un simple T inscrit dans un ovale. A partir de cette armature il construit ses portraits avec des volumes aux proportions savamment étudiées, qu’il modèle de manière à créer une vibration de la surface donnant vie au visage.

Le portrait est donc une opération magique qui vise à faire ressentir le calme, la noblesse, la douceur de ces figures qui incarnent la pensée, spiritualisent la chair, révélent l’humain…

Notre portrait est une œuvre de jeunesse. Il appartient à la même communauté plastique que celui de Miss Slevens ou Slevins datant de la même période et qui rappelle le dessin qu’il a fait de sa cousine en 1918. On y retrouve la même coiffure aux cheveux tirés, séparés par une raie médiane et retenus en chignon sur la nuque, dégageant ainsi les oreilles délicatement ourlées. Les trois visages présentent un modelé fin, avec un grand front bombé, des pommettes marquées, un nez droit, des sourcils plus ou moins arqués et une bouche fermée aux lèvres très dessinées. Ils séduisent par leur construction harmonieuse et équilibrée de laquelle émane une douceur presque intemporelle.

Les bustes sculptés de Gimond ne marquent jamais les prunelles qui se devinent dans le globe oculaire laissé lisse. Toutefois par l’inflexion des arcades sourcillières et la saillie des paupières, il émane du nôtre un regard calme empreint d’une grande concentration intérieure.

Si le modèle a rencontré un grand succès au Salon d’automne de 1929, peu d’exemplaires ont été fondus, ce qui fait de notre sculpture une œuvre extrêmement rare.