DEUX JEUNES LIONS

Antoine-Louis BARYE

Bronze à patine brun,vert, rouge fortement nuancé, signé « BARYE ».
Fonte Atelier Barye. Porte un n° d’inventaire 335 inscrit à l’encre blanche en-dessous.

H. 18 x L.17 x P.15 cm

Circa 1857-1875

Bibliographie : Michel Poletti et Alain Richarme, Barye catalogue raisonné des sculptures, Paris, 2000, p. 161, modèle référencé A41 et illustré n° 120, 121 et 122.

Description

Le Jardin des Plantes et le cabinet d’anatomie comparée du Museum sont une grande source d’inspiration pour les peintres et les sculpteurs à la recherche de nouvelles créations. Antoine-Louis Barye et Eugène Delacroix sont les premiers à en bénéficier. Tous deux passent de longues heures à étudier, dessiner et même disséquer ces animaux. Quand un lion meurt, ils se précipitent au laboratoire afin d’exécuter des croquis d’après la dépouille. « Le lion est mort. Au galop. Le temps qu’il fait doit nous activer. Mille amitiés » écrit Delacroix à Barye, le 16 octobre 1829. Ces deux amis artistes, marqués par l’impulsion nouvelle donnée à la peinture par Gros et Géricault, ont su tirer partie de l’étude des lions pour en livrer des compositions animalières emportées et dramatiques, marquées par le bouillonnement de la vie ; des combats d’animaux élevés au rang de scènes héroïques, selon la veine romantique du moment.

Jugé par les frères Goncourt « seul sculpteur de génie des fauves », Antoine-Louis Barye nous présente ici Deux jeunes lions se mordant l’un l’autre, créant ainsi une dynamique, un mouvement tournoyant et ascendant accentué ici par la richesse diversement colorée de la patine.  La composition ramassée sur elle-même peut être vue de tous les côtés, voire d’en haut. Elle est apparentée au Groupe d’Ours de 1833 et annonce les grands groupes de la Chasse à l’élan et de la Chasse à l’ours (1834-1838) du surtout de table du duc d’Orléans (qui est refusé au salon de 1834). Exceptionnelle chez le sculpteur, cette composition circulaire signe le début de sa production romantique ; elle sera rapidement abandonnée au profit d’un parti pris plus classique, moins violent, témoignant d’un sens de l’observation où l’animal est fait pour être vu d’un point précis.