FEMME ALLONGÉE

Henri PARAYRE

Pierre de Lens, signée « H. Parayre » et datée 1948.
H. 40 x L. 17 x P. 72 cm
Circa 1948

Bibliographie: Laurent Fau (dir.), Henry Parayre (1879-1970), Toulouse, 2012, modèle similaire référencé n0s 102 A à C et reproduit p. 163; Jean Girou, sculpteurs du Midi , Paris, 1938, p. 186.

Description

Considéré durant l’entre-deux guerres comme le chef de file de la sculpture languedocienne à Toulouse, – celle qui a rompu avec l’académisme qui y régnait depuis le dernier quart du XIXe siècle et qui est représentée notamment par les sculpteurs Alexandre Falguière ou Antonin Mercié –, Henry Parayre est ensuite tombé dans l’oubli.

La découverte de notre sculpture en pierre, Femme allongée, est l’occasion de remettre à l’honneur la qualité de l’œuvre de cet artiste, largement représenté au sein de collections muséales à Toulouse, Rodez ou Paris, tout en soulignant la richesse de ses réflexions.

En effet, dès son retour de Paris en 1905, où il avait suivi brillamment les cours de Paul Dubois, Henry Parayre participe activement à la fondation de la « Société des artistes méridionaux ». Celle-ci avait pour but de promouvoir un art moderne, c’est-à-dire un art vivant, en renouvelant les arts décoratifs par la promotion de l’apprentissage, seul moyen d’obtenir une parfaite connaissance de la technique nécessaire, voire fondamentale, au processus de création. Henry Parayre tire lui-même cette constatation de son long apprentissage chez son grand-père menuisier, à l’instar de tous les sculpteurs formés dans un cadre familial, tels que Bourdelle, Wlérick ou encore Bernard.

Fort de sa formation Henry Parayre travaille différents matériaux : la pierre, le marbre, le bronze, les bois précieux ou encore la terre cuite.

Très travailleur, curieux, il s’intéresse à tous les domaines artistiques, en particulier aux arts décoratifs : c’est ainsi qu’il collabore à divers ensembles mobiliers avec son ancien élève et ami André Arbus.

Après plusieurs années de formation, d’expérimentation et de recherches c’est véritablement dans les années 20 qu’il trouve sa voie et adopte les caractères qui définissent son art et dont notre sculpture Femme allongée est une parfaite représentation.

On y retrouve son sujet de prédilection, le nu féminin, qu’il traite de manière sobre, statique et équilibrée, mais dont les formes ne sont pas idéalisées : les épaules tombantes, la poitrine haute et étroite, les hanches larges, les doigts plutôt courts et épais, les jambes assez fortes, les articulations épaisses, les pieds potelés. Vers les années 29-30 les formes s’affinent : elles deviennent plus élégantes, le modelé plus fluide et le canon plus fin (jambes, poignets, chevilles), ce qui correspond exactement à la période de création de notre sculpture.

Aucun détail ne vient jamais animer l’anatomie du corps traité de manière parfaitement lisse, laissant le regard glisser le long des courbes des volumes.

Les visages, au modelé délicat, sont toujours impersonnels, le regard tourné vers l’intérieur, comme saisi dans un instant d’intimité, absorbé. Les cheveux sont le plus souvent tirés et ramenés en chignon, parfois en natte ou encore, ainsi que se présente notre modèle, juste retenus par un lacet au niveau de la nuque. L’artiste adopte ainsi un parti pris de simplicité et de dépouillement qui tend vers une construction tout intérieure du modèle et que seul un léger mouvement de la main gauche appuyée sous l’oreille droite vient animer.

Comme dans toutes ses œuvres la construction de la sculpture est équilibrée, opposant la verticalité du torse, appuyé négligemment sur son bras droit, à l’horizontalité des jambes tendues, celle de gauche s’appuyant à peine sur un petit bloc de pierre posé entre les deux pieds, venant par ce jeu animer cette partie de la sculpture.

Un modèle similaire au nôtre a été créé en 1929, exposé en ébène au Salon d’automne de 1930 et en bronze au Petit Palais en 1937. Il présente comme seule différence d’avoir une petite balle au lieu du bloc de pierre présent entre les deux pieds. Notre exemplaire est daté de 1948. Il est en pierre, vraisemblablement de Lens, reconnaissable à son grain fin et à sa couleur qui met en valeur le modèle de 1929 ainsi repris.

Cette œuvre est unique. Il n’existe aucun autre exemplaire connu de ce modèle.