Description
Grâce à son père, médecin vétérinaire, Georges Hilbert se passionne pour le monde animal mais c’est face aux animaux du Jardin des Plantes qu’il apprend son métier de sculpteur. S’il réalise de nombreux dessins ou esquisses c’est surtout la pratique de la taille directe tant dans le calcaire, le granit ou le marbre, qui l’intéresse. Cette technique a été remise à l’honneur par Joseph Bernard au tout début du siècle mais c’est l’espagnol Mateo Hernandez (1885-1949) que Georges Hilbert rencontre au Jardin des Plantes qui la lui apprend en le faisant travailler pour lui. Georges Hilbert adopte d’ailleurs la manière de travailler de Mateo Hernandez en s’attaquant au bloc de matière, sur place, face à son modèle, sans nécessairement passer par des dessins ou des esquisses préparatoires. Puis sa rencontre avec François Pompon le fait s’intéresser davantage à la restitution du comportement et du caractère l’animal.
Notre Jeune cerf est une parfaite synthèse de ces deux influences.
Georges Hilbert s’inspire en effet pour sa composition de celle que Mateo Hernandez avait réalisée en granit sur le même sujet quelques années plus tôt, en 1923. On y retrouve le daguet allongé sur une épaisse terrasse quadrangulaire, les pattes repliées (à l’exception de la patte avant droite), la tête levée présentant les premiers bois naissants. Mais alors que la pose de l’animal est très altière, presque rigide et statique chez Mateo Hernandez, celle adoptée par Georges Hilbert est très naturelle et touchante. Elle donne l’image fragile d’un tout jeune cerf qui se repose, la tête s’inclinant et se tournant délicatement vers son corps. Tout en se souvenant des leçons de François Pompon, Hilbert manifeste également son goût pour les formes simplifiées et épurées.
C’est au Salon d’Automne de 1933 que Georges Hilbert présente pour la première fois un Jeune cerf en granit, sculpture que l’Etat acquiert en 1934 et qui est aujourd’hui conservée dans les collections du Musée d’Art Moderne de la ville de Paris. Il s’agit exactement du même modèle que notre bronze mais dans une taille plus grande. De 1933 date également le dessin d’une Tête d’un jeune cerf qui présente de nombreuses similitudes avec notre modèle.
Georges Hilbert faisait, en effet, tirer ses bronzes à partir de ses modèles en taille directe et toujours à très peu d’exemplaires. Notre bronze a été fondu par Alexis Rudier, son fondeur attitré, réputé pour la qualité de ses fontes au sable : il présente une magnifique patine brun caramel à la fois chaude et délicatement nuancée qui rappelle parfaitement le pelage de l’animal. C’est une très belle sculpture aussi attachante que rare.