Description
Fils d’un père marbrier, Jean Escoula fut d’abord praticien de Carpeaux puis de Rodin de 1887 à 1900 environ pour lequel il réalisa diverses oeuvres dont la Danaïde. Ce travail ne l’empêcha pas de sculpter des oeuvres personnelles et d’exposer au Salon des artistes français jusqu’en 1890 puis, à la suite de Rodin, de se faire admettre à la Société nationale des Beaux-Arts.
Escoula a tiré la tête de La Douleur de son groupe Mort de Procris, dont le plâtre paraît au Salon des Artistes français de 1890. Le sujet est inspiré d’un épisode de la mythologie grecque : Procris est marié à Céphale. Jalouse, elle se cache dans les buissons afin d’épier son mari à la chasse. Voyant une branche bouger, ce dernier croit être en présence d’un gibier et, de son javelot, transperce sa bien-aimée. Escoula isole ici la tête de Céphale, en proie au désespoir après sa terrible méprise. Cette tête à la bouche ouverte comme celle de la Méduse de Canova, pourrait répondre aux critères du concours de la tête d’expression fondé par le comte de Caylus en 1760. La Douleur rappelle également les traits du plus âgé des enfants d’Ugolin (1860) de Carpeaux et ceux de Pierre de Wissant des Bourgeois de Calais de Rodin (1889).
Le public rend hommage à ce visage qui provoque son émotion grâce à un vocabulaire connu. Cette tête a du succès. Siot-Decauville l’édite en bronze dès 1898. Malgré cela, les épreuves en bronze demeurent plutôt rares à ce jour, seuls deux exemplaires sont connus, notre exemplaire et celui du musée de Valenciennes.
La précision du modelé de ce visage, la torsion particulière du cou lui confèrent une puissance frappante. Les cheveux largement traités et les muscles tendus, creusés, déterminant de rudes contrastes évoquent quant à eux les recherches contemporaines de Rodin.