LE BÉLIER RÉTIF

Émile-Antoine BOURDELLE

Bronze patine brun nuancé, titré, signé et daté au revers « LE BÊLIER RETIF EMILE-ANTOINE BOURDELLE 1909 ».
Fonte Rudier. Porte le cachet du fondeur « ALEXIS RUDIER FONDEUR PARIS » sur le côté sous le pied droit.
H.
54 x L. 44 x P. 24 cm.
Circa 1910

Œuvres en rapport : Musée d’Orsay, inv. n° RF 3176,AM 532 ; Musée National d’Art Moderne, Paris ;  Detroit Institute of Arts, Detroit ; Musée National, Stockholm, inv. n° 1206 ; Musée des Beaux-arts de Göteborgs ; Musée de Sculpture en plein air Middelheim Parc, Anvers, inv. n° MID.B.009

Bibliographie: Ionel Janiou, Michel Dufet, Bourdelle, Paris, 1984, p. 107, n° 410 ; C. Lavrillier & M. Dufet, Bourdelle et la critique de son temps, Paris,1979 p.161 (autre exemplaire reproduit) ; Marina LAMBRAKI-PLAKA, Bourdelle et la Grèce. Les sources antiques de l’oeuvre de Bourdelle, Athènes, 1985, p. 73 et 74.

Description

L’artiste réalise ce bronze en 1909 à un moment charnière de sa carrière. C’est l’année au cours de laquelle il concrétiseson détachement de l’œuvre de Rodin en inaugurant avec Héraklès archer un style plus personnel, qui s’exprime par des thèmes puisés dans l’Antiquité, des formes puissantes et dépouillées, presque géométriques, le tout s’inscrivant dans un ensemble construit et rythmé. Le bélier rétif  dit aussi Bélier africain est tout à fait représentatif de ce nouveau style et inaugure une période de grande fécondité.

Le sujet, original, montre une jeune paysanne tenant un agneau de la main gauche tandis qu’elle plonge l’autre dans la toison d’un bélier qui cherche  à s’élancer dans la direction opposée à la sienne. La sculpture présente une composition équilibrée formée par le croisement de deux lignes obliques, le corps de la paysanne et celui du bélier. Ce principe consistant à croiser deux axes obliques formés par les corps du héros et de l’animal est très répandu dans l’antiquité et permet de créer un puissant dynamisme, que Bourdelle reprend. Ce goût pour l’art antique se traduit aussi par la construction de notre sculpture à la manière d’un bas relief, comme une métope, alors qu’elle est en ronde-bosse. En effet, les mouvements contrastés des corps semblent s’inscrire dans un rectangle dans lequel les volumes sont concentrés. De même on retrouve dans le mouvement, le rythme, l’attitude des antagonistes et leur traitement bien des références à l’Antiquité grecque qui révèlent toute la connaissance que Bourdelle en avait.

Cette œuvre est aussi une charmante création qui témoigne d’un aspect plus personnel de sa vie. Petit-fils de chevrier, l’artiste, lui-même pâtre dans sa jeunesse, a pu grâce à sa profonde connaissance de la nature donner à ce groupe une saveur authentique qui est encore accentuée par la facture libre et rugueuse qu’il adopte durant cette période de création.

C’est une œuvre qui existe en deux versions : la première de 30 cm de hauteur et la seconde de 54 cm. C’est à la seconde version qu’appartient notre sculpture, éditée par le fondeur Rudier à seulement dix exemplaires, certains numérotés et d’autres non, comme le nôtre. Six exemplaires sur les dix existants sont conservés dans des collections publiques françaises ou étrangères.

Notre sculpture fait donc partie des quatre épreuves appartenant encore à une collection privée.