L’ÉTERNEL PRINTEMPS, SECOND ÉTAT, 4ème RÉDUCTION DITE AUSSI N°2

Auguste RODIN

Bronze à patine brun noir nuancé, signé « Rodin » sur le côté droit du tertre, fonte Barbedienne, porte la marque du fondeur « F. BARBEDIENNE, fondeur » sur le côté gauche et avec les lettres « LV » frappées deux fois au tas à l’intérieur. Inscrit sur la plaque « L’ETERNEL (LE) PRINTEMPS AUGUSTE RODIN 1840-1917 ». Sur son socle en marbre d’origine.
H. 24,8 x L. 31 x P. 19 cm – 30,2 x 35 x 21,5 cm (avec socle)

Conçu en 1884, cette taille réduite en 1898, cette épreuve en bronze par la fonderie Leblanc-Barbedienne entre 1905 et 1910.

Provenance : Établissements Leblanc-Barbedienne, Paris ; Collection privée, Uruguay (Acquis avant 1940) ; Vente publique, Montevideo, Étude Castells, 23 septembre 2020 lot 44 ; Collection privée, France.

Bibliographie : A. Le Normand-Romain, Rodin et le Bronze, Catalogue des œuvres conservées au Musée Rodin, Éditions de la Réunion des Musées Nationaux, Paris, 2007, Tome I (une autre épreuve reproduite p. 334).

Un avis d’insertion au catalogue Critique de l’œuvre Sculpté d’Auguste Rodin, actuellement en préparation à la galerie Brame & Lorenceau, sous la direction de Jérôme Le Blay, rédigé en date du 10 février 2022, sous le n° 2020-6228B sera remis à l’acquéreur.

 

Description

Évoquant par son mouvement gracieux la sculpture du XVIIIe siècle, L’Éternel Printemps emporte un grand succès et fut traduit plusieurs fois en bronze en de nombreux exemplaires en quatre dimensions différentes.10 exemplaires en marbre furent également produits. La sculpture fut créée durant la période d’intense travail autour de La Porte de l’Enfer, mais ce sujet par trop gracieux ne fut pas retenu pour y figurer. Exposée au Salon de 1898, elle connut un important succès commercial. Tout comme Le Baiser, dont elle constitue une sorte de variante, son sujet évoque en effet le bonheur de deux jeunes amants, probablement inspiré par la relation passionnelle et tourmentée d’une dizaine d’années entre le maître et son élève amante Camille Claudel. Dans cette fusion amoureuse, l’homme ouvre son torse alors que la figure féminine (reprise de l’œuvre le Torse d’Adèle inspirée d’Adèle Abruzzesi, un des modèles favoris de Rodin) déploie éperdument sa cambrure. La beauté de ce chef-d’œuvre de la sculpture réside dans sa capacité à exprimer un amour érotique, les deux personnages se fondant littéralement l’un dans l’autre. Cette affirmation du sculpteur pourrait lui être tout à fait décernée : « Je juge que le corps est le seul véritable habit de l’âme, celui ou transparaît son rayonnement » (Rodin à Paul Gsell, 1907).

Auguste Rodin a convenu le 6 juillet 1898 avec la fonderie Leblanc-Barbedienne d’un contrat d’édition de 10 ans renouvelable pour le Baiser et l’Éternel Printemps, en plusieurs tailles pour chacun de ces deux sujets et en une quantité non limitée. Un plâtre obtenu par moulage d’un marbre fut initialement confié à la fonderie Leblanc-Barbedienne qui en fit réaliser des réductions par le principe de la machine de réduction mécanique d’Achille Collas dont Barbedienne détenait le brevet. L’édition de l’Éternel Printemps, second état comprenait initialement 3 tailles, respectivement de 64 cm, 40 cm et 25 cm auquel fut rajoutée une réduction d’une hauteur de 52 cm en 1900. Selon les recensements, on dénombre entre 63 et 69 exemplaires de la 4ème réduction d’une hauteur de 25 cm produits entre 1898 et 1918. Notre épreuve, tant par son montage intérieur, ses détails que ses marques intérieures et extérieures, est tout à fait conforme aux fontes de l’édition Barbedienne qui s’est étendue de 1898 à 1918. Les lettres « LV » frappées deux fois à l’intérieur près du montage du pied correspondent à un atelier actif vers 1905-1910. Les épreuves produites par Barbedienne portent habituellement un numéro à l’encre inscrit à l’intérieur mais il est fréquent que ce numéro s’efface avec le temps. Cette vente a donné lieu à une commission de 20% versée à Rodin au titre de ses droits d’auteur dont les factures originales se trouvent dans les archives du musée Rodin.