Description
Sculpteur fort prisé en son temps, Jacques Labatut est quelque peu tombé dans l’oubli depuis lors. Les travaux de Geneviève Albinet, spécialiste de l’artiste, ont heureusement permis de retracer la carrière bien remplie de ce sculpteur toulousain, prix de Rome en 1881 avec Tyrtée chantant ses Messeniennes parmi les Lacédémoniens. Chantre de son Sud-Ouest natal, il réalise sa monumentale sculpture La Garonne offrant l’électricité à la Ville de Toulouse, le portrait en pied de l’homme politique républicain Pascal Duprat à Hagetmau, ou L’Éloquence au Monument des Girondins à Bordeaux. Il fait partie du groupe des « Toulousains » formé sous l’égide de Falguière, le maître de presque tous, les Mercié, Marqueste, Mengue, Rivière, Seysses et Ségoffin ; un groupe représentatif et significatif d’une sculpture « fin de siècle » qui même dans son académisme apparent est annonciateur d’une nouvelle conception de l’art de sculpter.
Mais c’est à Paris qu’il s’impose tant dans l’intimité des Salons de la société bourgeoise par son talent de portraitiste que dans le prestigieux décor urbain de l’Exposition Universelle de 1900, La Musique au Grand-Palais. Son Imprimerie(1892) dans le porche d’entrée de la Bibliothèque nationale accueille encore aujourd’hui les visiteurs.
Le sculpteur excelle aussi dans les sujets d’histoire comme en témoignent son magistral Caton d’Utique, œuvre de jeunesse de 1878 (marbre H. 1,80 m) ou son Enfant martyr, ou bien encore Lévite emportant le corps de sa femme morte… Notre Saint Jérôme jusqu’alors inédit figure bien dans la liste des oeuvres Labatut sous l’intitulé « Saint Jérôme, terre cuite ». Très proche dans la composition d’un tableau de Simone Contarini (1563-1633) conservé à l’hôtel d’Assézat de Toulouse, Saint Jérôme contemplant un crâne exprime ici une pensée méditative et spirituelle d’une grande intensité. Comme l’indique madame Albinet : « C’est du grand Labatut ! ». Cette silhouette pétrie dans la terre, recueillie sur elle-même, parvient en effet à transmettre toute la tension de cette méditation sur un simple crâne, qui se veut être le siège de l’âme.