Description
Fils d’un taxidermiste, Christophe Fratin évolue dès son enfance au milieu d’un univers peuplé d’animaux qui nourrissent ensuite sa sculpture tout au long de sa carrière. Doté d’une imagination fertile, sa richesse d’inspiration est impressionnante, comme en témoigne le bestiaire que composent ses sculptures. Les sujets qui rencontrent le plus de succès sont les ours anthropomorphes, les singes, les fauves, les cervidés, les sangliers … et surtout les chevaux, ses animaux de prédilection.
Il nous livre ici un portrait humoristique d’un personnage en habit, émergeant à mi-corps d’une coquille d’œuf, tenant une fiole à chaque main et s’appuyant sur deux piles d’ouvrages scientifiques ; petits œufs au pied. À bien regarder, on peut remarquer en face d’une pile de livres de divers auteurs dont Bonnet, Porta, Buffon et Lamarck, trois autres livres intitulés « Théorie des ressemblances par le chevalier Da Gama Machado 1842 » qui nous renseignent sur l’identité du modèle, auteur de ces ouvrages. Joseph Joachim Da Gama Machado est un diplomate portugais envoyé à l’ambassade de son pays à Paris au milieu du XIXe siècle. Ornithologue passionné et excentrique notoire qui s’entoure chez lui d’oiseaux et d’animaux, il divulgue sa conviction que certaines similitudes dans l’apparence des animaux sauvages peuvent être interprétées comme des similitudes dans leur comportement.
Son aspect physique a de quoi surprendre, c’est une curiosité de voir un grand du Portugal, vêtu comme un bourgeois au point d’y ressembler à s’y méprendre, flâner au cœur de Paris, sur le quai Voltaire, entouré d’oiseaux de toutes origines et de curiosités de toutes les parties du monde. Précurseur du genre, il met une sorte de salle de bain à l’usage de ses oiseaux, chacun d’entre eux a sa baignoire bien disposée. Le matin les oiseaux arrivent l’un après l’autre, et se plongent, sans se tromper, chacun dans sa baignoire. Le commandeur Da Gama Machado croit fermement à la métempsychose. Chez lui, il possède une pléiade d’animaux empaillés auxquels il prête à chacun une vie d’un membre de sa famille. Il s’éteint le 6 juin 1861, à Paris.
