VIERGE À L’ENFANT AVEC SAINT-JEAN BAPTISTE, DITE AUSSI MADONE ASSISE AVEC DEUX ENFANTS (VERS 1874)

Aimé-Jules DALOU

Terre cuite originale, signée « DALOU ».
Esquisse préparatoire
H. 28,5 cm.
Sur un socle circulaire en marbre rouge et bronze doré – Diam. 22 cm et H. 8,5 cm.
Provenance : Collection particulière, France, conservé dans la même famille depuis le début du XXème siècle.
Oeuvre en rapport : Aimé- Jules Dalou, Charité, terre cuite, vers 1877, H. 77 cm Londres, V&A Museum, n°inv.A.36- 1934.
Bibliographie : M. Dreyfous, Dalou, sa vie et son oeuvre, Paris, 1903, pp.56-57 , A. Simier et M. Kisiel, Jules Dalou, le sculpteur de la République, catalogue des Sculptures de Jules Dalou conservées au Petit Palais, Paris Musée, 2013, page 349.

Description

Les œuvres créées pendant la période londonienne du sculpteur sont, comme notre Madone assise avec deux enfants, chargées d’éléments autobiographiques. En effet, sa fille Georgette, née avec un handicap mental, le conduit à être un père particulièrement présent. Ce rôle lui inspirera des scènes de maternité émouvantes, illustrant l’amour maternel universel. Cette terre cuite inédite peut être rapprochée d’un ensemble d’œuvres qui, si elles manquent aujourd’hui à l’appel, sont mentionnées par le biographe du sculpteur, Maurice Dreyfous. En 1909, ce dernier indique que Dalou « mettait au baquet » un certain nombre d’oeuvres dont il n’était pas satisfait. Parmi celles-ci, il en décrit trois précisément : « le deuxième groupe achevé et détruit comportait une madone, assise, la jambe droite portée en arrière, un enfant, les pieds posés sur sa cuisse gauche et qu’elle soutient de son bras gauche tandis que, lui, appuie sa petite tête sur la poitrine de sa divine mère. Au pied de celle-ci un autre enfant debout. St Jean regarde en même temps, et la Madone et l’enfant qu’elle porte ». L’auteur ajoute : « Suivant la coutume, Dalou avait fait complètement le nu de ce groupe et il était, selon le témoignage de ses amis, Alphonse Legros et Lantéri, tout à fait hors ligne. Puis il mannequina les draperies, les chercha, les rechercha encore, les fit et les défit vingt fois, s’y fatigua, s’y énerva, ne trouvant jamais qu’elles étaient ce qu’il avait rêvé. Et en un jour de final découragement il détruisit complètement le tout. De ces deux groupes (le premier est une baigneuse nue), personne n’a plus souvenir d’avoir rien revu, ni l’ébauche, ni l’esquisse…Quant à la Madone, la seule trace qu’on en retrouve est un tout petit bout de croquis… » Force est de constater que la description est extrêmement proche – à l’exception de l’attitude de l’Enfant Jésus qui désigne du doigt le petit saint Jean – de notre remarquable terre cuite au rendu très détaillé et abouti. Si cette version, avec variantes, de Madone assise aux deux enfants s’inspire des statuettes de dévotion en terre cuite du XVIIème siècle, elle s’inscrit surtout dans le corpus des oeuvres de l’artiste réalisées dans les années 1874-1877. Au même titre que la Madone détruite, cette terre cuite est à la source, selon toujours le biographe de l’artiste, du célèbre groupe en marbre de la Charité commandé en 1877 pour orner la Fontaine du Royal Exchange (aujourd’hui remplacé par une copie en bronze). Suffisament importante pour avoir été retenue et signée par le sculpteur, elle anticipe la composition de la fontaine, par cette même inclinaison de la Madone et la disposition du petit saint-Jean à ses pieds. Inspirante et inspirée, elle s’inscrit à la fois entre tradition et modernité.