Charles Adrien Prosper D’ÉPINAY

(1836-1914)

Charles Adrien Prosper d’Épinay est né le 13 juillet 1836 à Port-Louis (Île Maurice), dans un milieu cosmopolite et cultivé. A la suite du départ de sa famille pour la France en 1839, suivi du décès de son père la même année, Prosper d’Épinay y demeura pour y poursuivre ses études. Arrivé à Paris, il fut accueilli par sa tante Julie d’Épinay, qui tenait un salon et lui ouvrit les portes de la société parisienne. Très vite, le jeune artiste choisit la sculpture ; c’est ainsi qu’en 1858, il entra dans l’atelier du sculpteur Dantan le Jeune dont il devint le principal élève. Sous la direction de ce brillant caricaturiste, d’Épinay apprit à manier l’ébauchoir et pétrir la terre glaise, afin de pouvoir résumer en quelques traits une physionomie. Son âge et sa fortune aidant, il se lança dans la vie mondaine parisienne et fit partie du Cercle légitimiste de la rue Royale. Il se lia d’amitié avec les membres distingués de la société française : le Prince Demidoff, le Duc de Massena, le Duc de Luynes…

Puis il partit pour Rome en 1861 pour étudier l’art de la statuaire sous la direction des meilleurs artistes romains. Dans la ville éternelle, il se lia d’amitié avec le peintre Henri Regnault, alors pensionnaire de l’Académie de France, auteur futur de l’Exécution à Grenade, du Général Prim à cheval (musée d’Orsay). 1874, année décisive dans l’œuvre de Prosper d’Épinay,  lui permit d’acquérir une notoriété certaine auprès de la société parisienne. Madame de Cassin lui demanda de sculpter dans le marbre une représentation « idéale » de la femme moderne. Il présenta au Salon la Ceinture dorée, figurant une jeune femme nue, debout, tenant une extrémité de sa ceinture dans chaque main. La critique officielle fut partagée , mais le succès auprès du public du Salon fut considérable. Elle plut au roi de Hollande ainsi qu’à l’Empereur de Russie, Alexandre III, qui souhaita en posséder une version en marbre (musée de l’Ermitage). Ce succès décida Prosper d’Épinay à s’installer à Paris, où il prit un atelier 169, boulevard Haussmann qui lui servit de succursale à celui de Rome, et de salle d’exposition particulière pour ses dernières créations. Fort de son succès, il reçut de prestigieuses commandes du Tsar de Russie et de ses frères. On le consacra portraitiste attitré des mondaines internationales. Pas de jolie tête, aristocratique ou princière, que l’artiste n’ébaucha ou ne tailla en marbre. Il réalisa les bustes des femmes les plus élégantes de la société aristocratique : La duchesse Grazioli (1898) , la Reine Alexandra d’Angleterre (1901), la Comtesse d’Orloff (1903). Ses sculptures, respectivement exposées à Paris et Londres, confirmèrent sa renommée internationale : The Royal academy exhibitions (1865 à 1881), Expositions universelles (1867-1878), Salon des artistes français (1875 à 1902).

Prosper d’Épinay reçut plusieurs décorations des mains de plusieurs souverains d’Europe en raison de son talent et de la haute appréciation que son œuvre suscita de par le monde. Une lettre à sa fille, datée du 2 janvier 1890, résume parfaitement la vision qu’il eut de la création artistique : « Ne t’occupe que de bien étudier la nature et à bien l’interpréter : l’art, c’est le choix dans le vrai, c’est l’élégance, c’est la forme pure, c’est la fierté, c’est la distinction, c’est l’esprit…Ce ne sont pas les doigts seuls qui peuvent rendre tout cela ! C’est la tête et le cœur, c’est l’intelligence et les sentiments élevés. ». Ses œuvres sont conservées dans les collections et musées du monde entier.