BACCHANTE AUX CYMBALES

Joseph-Charles MARIN   page1image37504320

Terre cuite originale
H.42, 5 x L. 25 cm
(Boîte H. 56 x L. 38,5 x P. 31,5 cm)
Circa 1790

Un test de thermoluminescence de la CARAA en date du 17 février 2023 confirmant la datation de la sculpture entre 1760 et 1820.

Bibliographie de référence : Stanislas Lami, Dictionnaires des sculpteurs de l’École française au XVIIIe siècle, Tome II, Paris 1911, p. 108-112 ; Maurice Quinquenet, Un élève de Clodion. Joseph-Charles Marin (1759-1834), Paris 1948, p. 64 ; Galerie Patrice Bellanger, Joseph-charles Marin 1759-1834, Paris, mars 1992 ; Anne Poulet et Guilhem Scherf, Clodion 1738-1814, Musée du Louvre du 17 mars au 29 juin 1992, RMN, Paris, 1992, p 260, fig. 140 ; The Thyssen-Bornemisza collection, Renaissance and later sculpture, Londres 1992, pp.280-283, n° 53 ; Daniel Katz European Sculpture, New York/Londres 1996, page 108, n°51.

 

VENDU

Description

Les faunes et faunesses, satyres et bacchantes, jalonnent l’histoire de la peinture et de la sculpture en particulier sous la Renaissance avec Titien et au XVIIe siècle avec François Duquesnoy et Nicolas Poussin. Bon nombre de leurs compositions les plus achevées sont peuplées de scènes de bacchanales sur fond de paysage. Ce contexte joyeux, issu de la mythologie, est réinterprété au XVIIIe siècle de façon plus aimable et rendue au goût de Madame de Pompadour ou de Madame du Barry. Marin, très imprégné de son époque, n’échappe pas à cette influence et va multiplier toute sa vie une production de petites figures, de sujets bachiques, de bustes d’expression, de jeunes femmes rivalisant de grâce et de spontanéité. Notre terre cuite par son extraordinaire qualité et ses caractères stylistiques s’inscrit tout à fait dans cette production chère à l’artiste. Amplement drapée, la poitrine à demi-denudée, la chevelure ornée de baies sauvages, à demi-couverte d’une peau de bête retenue par un lacet à l’épaule, la jeune bacchante se propulse vers l’avant au son de ses cymbales. Le corps d’aplomb bien modelé, les membres doucement arrondis, le caractère complexe de la draperie, la hanche s’appuyant sur le tronc d’arbre sont autant d’ éléments caractéristiques de la manière de Marin. Il en va de même de ce visage tout en rondeur, aux lèvres ourlées entrouvertes si fréquent dans son œuvre. M. Quinquenet (opus-cité supra), détaille dans son catalogue sommaire de l’œuvre de Marin de nombreux sujets de bacchantes ou bacchanales parfois signées et datées, dans différentes positions : couchée, tête d’étude, groupée avec des enfants, entièrement nue, portant un enfant sur son épaule, … Mais seule une description de cet inventaire : « Bacchante courant tenant des cymbales. Terre cuite. Collection baron de Rotschild [sic] » correspond à notre statuette. Tout porte à croire qu’il s’agit bien de notre terre cuite, d’autant que Marin ne signait pas systématiquement ses œuvres, comme en témoigne entre autres La Jeune fille aux deux colombes, vers 1791 (terre cuite, Saint-Jean-Cap-Ferrat, villa Ephrussi de Rothschild, inv. MS 1827). A titre de comparaison, nous pouvons rapprocher notre sculpture de trois terres cuites de Marin de même sujet :  la Bacchante (H. 34,5 cm) de la collection Thyssen-Bornemisza (voir Opus-cité supra, n°53), Erigone ou Bacchante signée « Marin »  (H. 43,5 cm, collection particulière), cette dernière tenant un vase en forme d’urne provenant de la vente Mme de Polès (Paris, 17 XI 1936, n° 165, repr. Pl. XXXIX ; fig. 140), ou bien encore L’Automne (H. 39,5 cm) de la collection de Daniel Katz (voir Opus cité-supra, n° 51).

Mais ce qui frappe ici, c’est la virtuosité du drapé retenant une peau de bête magnifiée, l’aspect réaliste  du tronc d’arbre, marqué par les reliefs appuyés et les fentes apparentes de l’écorce, l’extraordinaire vivacité du mouvement … Surnommé le « Corrège de la sculpture », Marin parvient avec aisance et succès à émouvoir et à séduire une fois encore. Son ancien propriétaire lui ayant amoureusement confectionné une boîte sur mesure, en était lui-même le premier convaincu !