Description
Cette sculpture est une des toutes dernières œuvres de Charles Despiau.
Son dessin lui est spontanément venu à l’esprit, en 1935, quand l’Etat lui a commandé une œuvre colossale dédiée à Apollon et destinée à prendre place sur le parvis central du Palais de Tokyo en 1937. Charles Despiau ne livrera jamais cette sculpture de six mètres de haut mais il en fit plusieurs versions. La figure de Bacchus s’inscrit dans ce processus de création de la sculpture d’Apollon.
Puisqu’il s’agit de représenter un dieu et que celui-ci ne peut avoir qu’une apparence humaine, comme chez les Grecs, Charles Despiau façonne un corps humain, dans toute sa nudité virile à l’image d’un athlète, et dans la continuité de ses recherches plastiques sur l’équilibre de la sculpture, l’assemblage des plans et des volumes ainsi que la répartition de la lumière. Mais il veut également rajeunir le thème antique d’Apollon en créant une sculpture qui respire la jeunesse, l’allégresse et la joie de vivre.
Il part donc de la ligne gracieuse et élégante d’une statue frontale d’adolescent, à la tête impassible, au torse bombé, aux jambes fines et fuselées et au modelé réduit à l’essentiel, pour arriver à une sculpture puissante par son équilibre et sa sobriété empreinte d’un certain hiératisme nécessaire à une œuvre colossale.
Le bras gauche de Bacchus est tendu comme pour porter une draperie. Il semble que Charles Despiau se soit interrogé sur la question d’ajouter ou pas cet élément accessoire à la sculpture d’Apollon (Lebon, op. cit., p. 185).
Le titre de cette œuvre Bacchus n’aurait été donné au modèle qu’après la mort de l’artiste en raison de la couronne végétale qui ceint son front, puis de Bacchus il est devenu Dyonisos.
Il n’a jamais été ni exposé ni publié dans la presse du vivant de l’artiste. L’édition de ce modèle a commencé pendant la guerre. Habituellement Despiau faisait appel à la fonderie Valsuani pour réaliser ses bronzes. Mais la fonderie ayant fermé dès 1939, cela explique que Despiau se soit adressé à Bisceglia avec lequel il avait prévu de tirer dix exemplaires de ce modèle. Notre exemplaire porte le numéro 5 et a été acheté en premier lieu par Louis Marlio, un haut-fonctionnaire dont Despiau a fait le buste avant que celui-ci ne parte pour les Etats-Unis en 1940. Est-ce à cette occasion que Louis Marlio a vu la sculpture de Bacchus dans l’atelier de Despiau et lui en aurait commandé un exemplaire ? Il y a tout lieu de le croire puisque Despiau meurt en 1946 et que Louis Marlio ne reviendra en France qu’au moment de sa mort en 1952. On imagine mal ce dernier commander une sculpture à la veuve de Despiau durant cet intervalle.
Nous remercions très sincèrement Mme Elisabeth Lebon pour toutes les précieuses informations qu’elle nous a données.