ÉNIGME

Gilbert PRIVAT 

Sculpture en marbre gris des Pyrénées, signée « GILBERT / PRIVAT ».
H. 35,5 x L.22 x P. 18 cm.
1944
Pièce unique

Exposition: Galerie Allard, mai 1946

Archives photographiques : Musée des années trente, Gilbert Privat, ACH.PRI. 3.8.

Bibliographie: Odette Gilbert-Privat et Marie-Odile Lefèvre, Gilbert Privat, sculpteur et peintre, Boulogne-Billancourt, 1997, exemplaire reproduit p. 49 et 60, référencé p. 87, n° 183 ; Sophie Vinel, « un sculpteur toulousain de renom : Gilbert Privat », L’auta, janvier 2015, exemplaire cité p. 34.

Œuvre en rapport : Variante en bois conservée au Musée des Augustins de Toulouse sous la référence RA 2029

Description

Pendant l’Occupation Gilbert Privat est contraint de rester dans sa région natale, à Lourdes en particulier. Il en profite pour ramasser tout ce qu’il trouve de pierres, de marbre, de granit et se perfectionner dans la technique de la taille directe. L’invention de son sujet lui sera ensuite donnée par chaque bloc selon sa forme ou sa matière. Ainsi de notre bloc de marbre gris des Pyrénées, semblant avoir été taillé pour être appareillé, se détache sur la face juste grossièrement épannelée une tête de jeune femme aux traits doux et au modelé délicat. Comme les sculpteurs de chapiteaux romans, Gilbert Privat se plie aux contraintes liées à la forme pour dégager cette figure harmonieuse en léger relief. Cette technique a sa préférence en ce qu’elle lui permet de donner plus de puissance d’expression au visage tout en conservant une sobriété dans son traitement. Gilbert Privat joue de surcroît admirablement du contraste entre les traits purs finement sculptés et l’encadrement à peine dégrossi du marbre formant comme une volumineuse chevelure ondulée. Construite, dans la tradition de Bourdelle et Despiau, davantage comme une architecture que comme un bibelot, il émane de cette image de pierre tout à la fois force et sérénité.

Cette sculpture est probablement celle exposée sous le titre Tête, avec des ardoises sculptées au Salon des Artistes décorateurs de 1945. Elle figure en tout cas à l’exposition de la Galerie Allard-Malesherbes en mai 1946 ainsi qu’en témoigne une photographie d’époque conservée au Musée des années 30. La liste des sculptures exposées à cette occasion révèle que Gilbert Privat l’a baptisée Énigme. Est-ce en raison du sujet représenté, de l’histoire du matériau utilisé, de sa forme ? Une œuvre en bois portant le même titre et présentant des similitudes dans la composition est conservée au Musée des Augustins de Toulouse.

Quoiqu’il en soit notre sculpture est une pièce unique qui marie admirablement équilibre et sensibilité.