LE BAISER REDUCTION « N° 2 » ( 1886)

Auguste RODIN

Bronze à patine brun nuancé, signé « Rodin ».
Fonte Barbedienne du vivant.
Porte la marque du fondeur « F. BARBEDIENNE fondeur »,
la lettre « F » frappée au tas et le nombre « 17 » gravé près du montage.
Circa 1915

H. 25,7 x L.15,7 x P.15,9 cm

Fondu entre 93 et 103 exemplaires (selon les informations du comité Rodin).
Provenance : Établissements Leblanc barbedienne, Paris ; collection particulière, France (acquis dans les années 1960-1970) ; par descendance.
Bibliographie : A. Le Normand-Romain, Rodin et le bronze, catalogue des œuvres conservées au musée Rodin, Paris, 2007, tome 1, pages 159 à 163, modèle reproduit page 161.   

Un avis d’insertion au Catalogue critique de l’œuvre sculpté d’Auguste Rodin, actuellement en préparation à la galerie Brame & Lorenceau, sous la direction de Jérôme Le Blay, rédigé en date du 10 décembre 2022, sous le n° 2022-67368 sera remis à l’acquéreur.

 

Description

L’amour interdit entre Paolo et Francesca (Ve chant de l’Enfer de Dante), et la damnation éternelle qui en est la conséquence, apparaît comme l’un des thèmes de prédilection du XIXe siècle, d’Ingres et Delacroix, à Ary Scheffer et Cabanel. Rodin quant à lui,  choisit de représenter les deux amants au moment où ils prennent conscience de leurs sentiments dans une étreinte tendre et charnelle. En 1885, Octave Mirbeau dans Des artistes décrit ainsi la sculpture dans sa version presque achevée, réalisée en terre cuite et commencée en 1882 : « Le corps jeune et charmant où l’artiste a réuni, comme à plaisir, toutes les beautés délicates et sensuelles de la femme, les bras noués au cou de l’amant, dans un mouvement à la fois passionné et chaste, elle s’abandonne aux étreintes et au baiser de Paolo, dont la chair frissonne de plaisir et dont la force de jeune athlète apparaît dans une musculature élégante et puissante, type de la beauté de l’homme, comme Françoise de Rimini est le type de la grâce de la femme ». En 1886-1887, Rodin décide dans un premier temps de situer la sculpture au centre du vantail gauche de La Porte de l’Enfer, puis la retire finalement, car le groupe trop harmonieux évoque un état de pur bonheur qui s’harmonise mal avec la composition de l’ensemble. Exposé à Paris puis à Bruxelles dès l’année suivante (1887), il prend alors le titre de Baiser. Son succès lui vaut d’être commandé en marbre, au double, par la direction des Beaux-Arts, le 31 janvier 1888. Mais Rodin met près de dix ans à le livrer et ne songe à l’exposer qu’en 1898 au Salon de la Société nationale des beaux-arts, en pendant de l’audacieux Balzac. En 1900 toutefois, le marbre, qui entre temps a été livré à la direction des Beaux-Arts, est présenté dans le cadre de l’Exposition universelle. De 1901 à 1918, il devient l’un des chefs-d’œuvre du Musée du Luxembourg avant d’être déposé au musée Rodin, lors de sa création en 1918.

Auguste Rodin a convenu le 6 juillet 1898 avec la fonderie Leblanc-Barbedienne d’un contrat d’édition de 10 ans renouvelable pour le Baiser, en 4 tailles et en une quantité non limitée. La taille de 25 centimètres fait partie des tailles initiales de ce sujet, éditées dès 1898. En 1901 puis en 1904, deux autres tailles – 40 et 61 cm – seront ajoutées à cette édition. Selon les recensements, on dénombre, environ 93 exemplaires de la 2ème réduction d’une hauteur de 25,7 cm produits entre 1898 et 1918. La sculpture en elle-même, le montage, la marque de fondeur et la signature ainsi que les inscriptions gravées à l’intérieur de la pièce sont habituels de techniques et pratiques des ateliers Barbedienne. Sa qualité de fonte au sable et ses nuances de patine permettent d’ apprécier pleinement toute la beauté et la puissance de cette œuvre majeure de la fin du XIXe siècle.