Description
Amputé d’un bras dès les premiers mois de la guerre de 1914, Maurice Prost abandonne son métier de ciseleur en joaillerie et opte pour sa passion, la sculpture animalière. Il devient sculpteur en taille directe, avec l’aide de sa femme d’abord, qui frappe pour lui le ciseau qu’il tient et oriente sur la pierre, puis totalement indépendant grâce à l’utilisation d’un marteau pneumatique adapté sur son épaule.
Les félins occupent une place prépondérante dans son œuvre. Dès 1918, il se rend quotidiennement au Jardin des Plantes pour observer ces animaux, leurs attitudes caractéristiques et leurs détails anatomiques qu’il traduit par de multiples croquis, esquisses ou études plus abouties qui l’aideront à réaliser ses sculptures. Réservoir d’observations, ses dessins sont également le fruit de nombreuses recherches destinées à restituer les formes synthétiques et puissantes des corps des animaux, recherches que l’on retrouve parfaitement traduites sur notre bas-relief sculpté.
Maurice Prost nous livre ici une version très vivante, très anatomiste, du profil droit d’une tête de panthère qui grogne : la machoire crispée au museau entre-ouvert laissant voir les dents acérées et la langue bombée, le regard perçant, les oreilles couchées en arrière. Le profil occupe tout l’espace de l’ardoise. Il est juste délimité par un simple trait de contour qui vient donner une dynamique à l’animal furieux, tandis que l’impression de puissance se traduit par un modelé subtil dont les surfaces sont traitées par masse de manière tantôt lisse, tantôt striée. Cette représentation naturaliste, très peu stylisée, est assez loin de la manière Art Déco dans laquelle on enferme trop souvent l’art de Maurice Prost.
Ce bas-relief est sculpté sur une ardoise que Maurice Prost avait récupérée d’un auvent en démolition chargé de protéger des pissotières, ce qui amusait beaucoup ses amis. Cette ardoise a probablement servi de plaque pour signaler son nouvel atelier situé 83 rue de la Tombe Issoire pour lequel il avait déménagé en 1937 ayant besoin d’un local plus grand.
Nous remercions très sincèrement M. Pierre Kastelyn pour toutes les précieuses informations qu’il nous a données.