Description
« Certes, c’est là une des plus belles choses, une des plus énergiques figures qu’ait produites la sculpture moderne ; maîtrisant son ennemi et prêt à le dompter, le héros grec a toute la noblesse, la force et toute la fierté que comporte le personnage fabuleux. » (Besse, 1844). C’est dans ces termes élogieux que la maison Besse et Cie, un des plus importants dépositaires des bronzes de Barye, présente en tout début de catalogue Thésée combattant le Minotaure, confirmant ainsi le développement des éditions du sculpteur après les œuvres refusées au Salon (le bronze essuie en effet un refus au Salon de 1843). La première épreuve vendue sur les quatre répertoriées dans les comptes Martin est celle présentée à l’Exposition universelle de 1855, achetée 230 F et aujourd’hui conservée au Victoria and Albert Museum, à Londres. Jusqu’en 1857, le tirage n’excède pas une quinzaine d’épreuves.
En nous offrant le combat de Thésée contre le minotaure, Barye a compris tout l’avantage qu’il y aurait à représenter les deux figures debout. Cette disposition permet, en effet, de donner plus de développement au corps du minotaure, et d’établir un contraste plus frappant entre les membres du monstre taurin et ceux du héros magnifiquement mis en valeur. Le torse et les membres expriment à la fois la force et l’énergie ; la tête, empreinte d’une ardeur virile, s’harmonise très bien avec le caractère du corps très inspiré par le Thésée du Parthénon que Barye ne pouvait ignorer. Le tour de force du sculpteur a été d’insuffler cette grandeur antique dans un groupe aux proportions modestes. Le spectateur, en contemplant cette lutte, comprend instantanément que le minotaure sera vaincu, car il devine que Thésée mesure ses coups au lieu de les multiplier, et que le monstre va bientôt rouler à ses pieds, étourdi et sanglant. Cette grandeur du geste est d’autant plus saisissante dans notre bronze que sa qualité exceptionnelle de fonte et ses riches nuances de patine soulignent subtilement çà et là son musculeux relief.
Comme l’indique l’étiquette ci-dessus mentionnée, notre bronze provient de la prestigieuse adresse du magasin de bronzes d’art d’Antony Bailly à Lyon ; ce dernier est référencé dans le guide indicateur de la ville de Lyon en 1867 comme marchand de bronzes et objets d’art « bronzes d’art et d’ameublement, collection des grands chefs-d’œuvre de la statuaire antique et moderne, coupes, statuettes, flambeaux, lustres, garde-cendres, lampes riches, bronze de fantaisie, etc . Pendules de Paris, montres de Genève, seule maison spéciale, Impériale 12, seul correspondant de la maison Barbedienne ». Cette provenance est assurément un gage supplémentaire de son exceptionnelle qualité.