THÉSÉE COMBATTANT LE MINOTAURE (SECONDE VERSION) (1857)

Antoine-Louis BARYE

Bronze à patine brun vert richement nuancée de rouge, signé « BARYE »
Fonte atelier Barye
H.45 x L. 29,5 x P.16 cm
Circa 1857-1875

Bibliographie : Gustave Planche, Portraits d’artistes : peintres et sculpteurs, T2, Paris, 1853, pp. 162 à 164 ; Michel Poletti et Alain Richarme, Barye – catalogue raisonné des sculptures, Edition Gallimard, Vérone, 2000, p. 108, modèle référencé F32, reproduit n° 59.

 





 

Description

« Certes, c’est là une des plus belles choses, une des plus énergiques figures qu’ait produites la sculpture moderne ; maîtrisant son ennemi et prêt à le dompter, le héros grec a toute la noblesse, la force et toute la fierté que comporte le personnage fabuleux. » (Besse, 1844). C’est dans ces termes élogieux que la maison Besse et Cie, le plus important dépositaire des bronzes de Barye, présente en tout début de catalogue Thésée combattant le Minotaure, confirmant ainsi le développement des éditions du sculpteur après les œuvres refusées au Salon (le bronze essuie en effet un refus au Salon de 1843). La première épreuve vendue sur les quatre répertoriées dans les comptes Martin est celle présentée à l’Exposition universelle de 1855, achetée 230 F et aujourd’hui conservée au Victoria and Albert Museum, à Londres. Jusqu’en 1857, le tirage n’excède pas une quinzaine d’épreuves. Dans cette seconde version, Barye a modifié la terrasse et son profil. Le tirage en fonte d’époque est supérieur à celui de la première version.

En nous offrant le combat de Thésée contre le minotaure, Barye a compris tout l’avantage qu’il y aurait à représenter les deux figures debout. Cette disposition permet, en effet, de donner plus de développement au corps du minotaure, et d’établir un contraste plus frappant entre les membres du monstre taurin et ceux du héros magnifiquement mis en valeur. Le torse et les membres expriment à la fois la force et l’énergie ; la tête, empreinte d’une ardeur virile, s’harmonise très bien avec le caractère du corps très inspiré par le Thésée du Parthénon que Barye ne pouvait ignorer. Le tour de force du sculpteur a été d’insuffler cette grandeur antique dans un groupe aux proportions modestes. Le spectateur, en contemplant cette lutte, comprend instantanément que le minotaure sera vaincu, car il devine que Thésée mesure ses coups au lieu de les multiplier, et que le monstre va bientôt rouler à ses pieds, étourdi et sanglant. Cette grandeur du geste est d’autant plus saisissante dans notre bronze que sa qualité exceptionnelle de fonte de l’atelier Barye et ses riches nuances de patine soulignent subtilement çà et là son musculeux relief.