Bernhard HOETGER

(1874-1949)

Sculpteur et peintre allemand de la période expressionniste, Hoetger est le fils d’un forgeron originaire d’Hörde. Il suit à Detmold des cours de sculpture de 1888 à 1892 et dirige par la suite un atelier dans une église. Passant par l’Académie des beaux-arts de Düsseldorf, il séjourne à Paris où il est influencé par l’œuvre d’Auguste Rodin dans l’atelier duquel il fait aussi la connaissance de Paula Modersohn-Becker. Plus tard, il se familiarise avec le travail d’Antoni Gaudi puis est appelé dans la colonie artistique de Darmstadt, où il s’installe en 1911. Trois ans plus tard, incité par Modersohn-Becker, il se rend à Worpswede où il découvre par l’intermédiaire du mécène de Brême Ludwig Roselius, ce qui allait devenir l’œuvre de sa vie : l’édification de la rue Böttcherstraße. Il y réalise, dans un style expressionniste, des projets architecturaux et des bas-reliefs impressionnants.

Alors qu’il est invité par son protecteur à sympathiser aux idées du national-socialisme, sa tentative de gagner le parti à ses convictions artistiques échoue. En effet, son travail, loin d’être du goût d’Hiltler est qualifié par ce dernier lors d’un congrès à Nuremberg en 1936 « d’art dégénéré ». Expulsé, il s’installe en Suisse en 1946 jusqu’à son décès. Son travail reste alors fidèle depuis le début au mouvement expressionniste qui aura de grande répercussion en Allemagne. En effet, au début du siècle, l’Allemagne traverse une période de crise profonde dans un climat social tendu avec la Première Guerre Mondiale. Les artistes sentant venir la guerre expriment alors leur sentiment visionnaire dans des images particulièrement violentes.

C’est alors que se forme le célèbre groupe Die Brücke à Dresde en 1905 autour de personnalités comme Heckel ou Kirchner, plus tard Otto Dix. Les expressionnistes allemands cherchent avant tout une peinture capable d’exprimer les problèmes humains, comme un cri de désespoir lancé en réaction à cette société qui n’offre qu’un avenir fade. La forme est brute, nerveuse et la déformation des corps est utilisée pour faire rejaillir le sentiment intérieur sur la réalité figurative. L’œuvre d’Hoetger est marquée par cette influence notamment dans ses représentations du corps.