Joseph-Charles MARIN 

(1759-1834)

On peut aisément retracer les débuts de la formation du jeune sculpteur Joseph-Charles Marin : une dizaine de ré-inscriptions réglementaires allant jusqu’en 1786 nous apprennent en effet qu’il fréquente régulièrement l’Académie. Il s’ inscrit pour la première fois le 31 mars 1778, alors âgé de dix-neuf ans, comme sculpteur sur le Registre des Élèves de l’Académie Royale de Peinture et de Sculpture protégé par M. Pajou. Une jeune fille étendue, tenant une rose, signée et datée de 1778 (vente Marius Paulme, 15 mai 1929) est sa première terre cuite connue. De 1782 à 1787, malgré six tentatives successives, il ne réussit pas à se faire attribuer le Premier Grand Prix de sculpture ; il n’apparaît plus sur les registres de l’École jusqu’en 1799. Il expose néanmoins pour la première fois au Salon en 1791, onze « morceaux de sculpture » sous le même numéro 493, œuvres qui sont le reflet de son répertoire ; citons entre autres, Deux petites têtes en terre, une Bacchante et deux enfants, une Bacchante, une Vestale, un Sacrifice à Cérès (bas-relief en terre-cuite)… Il paraît ensuite une douzaine de fois aux Salons, jusqu’en 1833.

En 1794, doté d’une rente provenant du décès de sa mère, il se rend à Rome à ses propres frais où il séjourne jusqu’en 1799. De son premier séjour italien, on retrace une Bacchante nue, debout, pressant une grappe dans une coupe, signée et datée 1797 (Vente Kraemer, 29 avril 1913, n° 132). En 1800, Marin est admis comme logiste à l’épreuve définitive du concours pour le Grand Prix de Sculpture sur le sujet Priam demande à Achille le corps d’Hector, son fils. Mais le Grand Prix, cette année là,  n’est pas attribué. Et c’est en 1801, que lui est enfin décerné le Grand prix avec Caïus Gracchus quittant sa femme Licinia pour aller rejoindre ses partisans (Bas-relief en plâtre, Paris, École nationale Supérieure des Beaux-Arts). Du 23 septembre 1802 au 23 septembre 1807, Joseph-Charles Marin, Grand Prix, est pensionnaire de l’Académie de France à Rome. Son séjour à la Villa Médicis le rend heureux et sa créativité s’en ressent. Dès la première année, le sculpteur projette de réaliser une cinquantaine de compositions en terre cuite, originales ou inspirées de l’antique, un millier de croquis sur papier. Son Télémaque berger exposé en 1805 lui vaut d’être reçu à l’unanimité à l’Académie de Saint-Luc à Rome et d’être nommé professeur sur la proposition de Canova. C’est à cette période charnière que le sculpteur change de style, d’aimable il devient sévère. Il abandonne quelque peu ses gracieuses statuettes pour se consacrer à des commandes privées de bustes ou de monuments funéraires.Parmi les œuvres envoyées à Paris au salon de 1808, la Baigneuse est appréciée par l’Académie (Paris, Musée du Louvre – RF 2617). Landon reproduit et commente l’œuvre dans les « Annales du Musée : « Cette nouvelle statue doit ajouter à sa réputation ; elle annonce un style plus élevé, un goût plus pur, des formes plus grandioses ». A son retour à Paris en 1812, Marin produit à ses frais des modèles pour d’importants travaux non aboutis telle que la maquette de la statue colossale de la Religion pour le sommet de la coupole du Panthéon, ou encore celle de quatre grandes figures pour une fontaine et d’un grand bas-relief pour l’Arc de Triomphe. Le 25 septembre 1813, il est nommé professeur de Sculpture à l’École de Dessin de Lyon pour remplacer Chinard. Il démissionne le 23 juillet 1817 et rejoint Paris où le maréchal de Gouvion-saint-Cyr, devenu son protecteur, lui demande de restaurer le baldaquin du dôme des Invalides. Au Salon de 1819, il expose de nombreuses œuvres. En 1827, il sculpte le buste posthume de Vivant Denon pour les salles du Musée du Louvre, puis en 1828, un buste du Dauphin, et le duc d’Angoulême pour la ville de Chaumont en 1829. En 1830, l’artiste est âgé de 71 ans ; il continue de travailler pour une clientèle privée d’amateurs et  « donne des leçons de son art ». Mais c’est dans la misère que s’éteint, le 19 septembre 1834, 95, rue Neuve-de-seine, Joseph-Charles Marin statuaire.