PRINCE PAUL TROUBETZKOY 

(1866-1938)

Issu d’une dynastie princière parmi les plus illustres de l’ancienne Russie (quoique né en Italie de mère américaine), Troubetzkoy était de son vrai nom Son Altesse le Prince Pavel Petrovitch Troubetzkoy, apparenté à d’éminentes Maisons de l’aristocratie impériale. Ses parents reçoivent sur le lac Majeur les représentants de la scapigliatura (Grandi, Ranzoni, Cremona). À Milan, il devient l’élève d’Ernest Bazzaro, connaît Segantini, fait partie de la Famiglia Artistica (1886). Mais c’est Paris qui lui offre le succès : Mention Honorable en 1889, il obtient le Grand Prix de la sculpture à l’Exposition Universelle de 1900 (section russe) ; il acquiert dès lors une renommée mondiale. L’État achète à cette occasion son Tolstoï à cheval pour le Musée du Luxembourg. Installé dans un endroit tranquille du XVIe arrondissement, il devient le grand sculpteur de la vie moderne : il voit défiler d’élégantes femmes du monde, des personnalités littéraires et politiques, et surtout son confrère Auguste Rodin dont il exécute un magistral portrait en pied (bronze, vers 1906). Trois différents portraits du comte Robert de Montesquiou d’une virtuosité comparable au superbe tableau peint par Giovanni Boldini dix ans auparavant, font sensation en 1907. En 1908, une exposition de cinquante de ses œuvres à la galerie Hébrard renouvelle son grand succès. Sa statue équestre d’Alexandre III ayant été dressée enfin en 1909 sur la place Znamenskaia de Saint-Pétersbourg lui obtient un triomphe sans limites, et marque en même temps le sommet de son œuvre en Russie. Mais ses clients sont aussi bien français qu’argentins, espagnols, grecs, américains, égyptiens, chiliens … : Sir William Eden et sa famille, les peintres Zorn et Joaquim Sorolla, la famille Vanderbilt-Rutherfurd, le prince Dobro, Roland Garros et bien d’autres. En 1911, il quitte Paris pour New York, y passe les années de guerre et rentre à Paris en 1921. Il déplace alors son atelier à Neuilly ; auréolé de son séjour américain, il retrouve sa clientèle d’exception. Georges Clémenceau, l’industriel Bugatti et sa famille sont devenus des familiers. Troubetskoy déclare à C. Bormeyer : « Toute la vie m’intéresse (…) je ne veux pas que mes peintures et mes statuettes représentent une « idée » comme celle des symbolistes. Je ne désire pas raconter d’histoire comme la peinture réaliste anecdotique… ce que je m’efforce de faire est de transmettre efficacement, comme je le peux, les impressions que je reçois de la nature » (Fine Arts, 1911, p 6-7, cité par G. Piantoni, 1990, p.17). C’est ainsi que sa sculpture est qualifiée d’impressionniste. Italien de naissance, italien de cœur, il rejoint l’Italie en 1932 aux lieux de son enfance dorée sur les rives du Lac majeur. C’est dans ce paysage de rêve qu’ il décède en 1938, à l’âge de soixante-douze ans.