Description
Ce portrait de jeune fille, dont il existe une variante sur piédouche circulaire (PB73-A), démontre un nouvelle fois la maîtrise du sculpteur dans l’art du portrait. Il s’en dégage une grande sensibilité et une retenue dans l’expression du visage qui n’est pas sans rappeler le haut-relief de Volubilis (1896-1897), une de ses sculptures les plus célèbres maintes fois déclinée. Il s’agit pratiquement du même profil, aux cheveux dégagés, aux traits fins et regard tombant… qu’on retrouve également dans le visage de l’Hirondelle blessée (1898).
Alfred Boucher avait la réputation d’être un grand tailleur de marbre ; il pratiquait volontiers lui-même la taille directe et n’avait que peu de praticiens. Les oeuvres en marbre étaient réalisées le plus souvent en plusieurs exemplaires, comme c’est le cas de notre modèle dont il existe seulement deux autres exemplaires au musée de Nogent-sur-Seine, ce qui fait de notre marbre une découverte. Avec son buste drapé sur piédouche circulaire, il s’inspire de la disposition officielle du portrait en buste cher à la sculpture du siècle des lumières. Dominique Canaud, dans un numéro spécial de « La Vie en Champagne » en 1982, consacré aux sculpteurs du XIXe siècle dans le département de l’Aube, avait déjà remarqué cette analogie quand il écrivait « Car Boucher fut « une belle main » que n’effrayait pas le monumental quand on préférait le bibelot, le naturalisme fouillé d’une écriture ou la ferme traduction dépourvue d’artifices, des suaves beautés féminines dans un modelé fluide, libre, très « Art nouveau », aux accents fantaisistes et spontanés que ne renie pas le XVIIIe siècle. »
