LE PUGILISTE (GEORGES CARPENTIER)(1920) GRAND MODÈLE

Paul LANDOWSKI

Bronze à patine brun nuancé, signé « Paul Landowski » et numéroté 1/5
Fonte Leblanc-Barbedienne, porte le cachet du fondeur « cire perdue Leblanc-Barbedienne et fils à Paris »
H. 71 x L. 25 x P. 23,6 cm
Circa 1925

Bibliographie : Raymond Isay, Paul Landowski, Paris, 1931 ; Bruno Foucart, Michèle Lefrançois, Gérard Caillet, Landowski, Paris 1989 ; Michèle Lefrançois, Paul Landowski (1875-1961) : catalogue raisonné de l’œuvre sculpté , 2009, pages 171-172, n° 20.05 c ; Paul Landowski – la pierre d’éternité : exposition, Péronne, l’Historial de la Grande Guerre, du 2 mars au 25 avril 2004 ; Florence Rionnet, Les bronzes Barbedienne, L’œuvre d’une dynastie de fondeurs, Arthena, 2016, pages 130-131, fig.147 (cat 1007).

 

Description

En 1893, Landowski entre à l’Académie Jullian où il suit les cours de Jules Lefebvre, peintre savant et professeur exigeant auquel il devra peut-être en partie sa maîtrise particulière des portraits et des nus. Parallèlement, chargé par le professeur Faraboeuf de dessiner les planches anatomiques qu’il utilise pour son cours à l’École de médecine, il assiste quotidiennement aux dissections. C’est ainsi qu’il acquiert cette connaissance précise de l’anatomie, qui constituera toujours à ses yeux le fondement de l’art du sculpteur, l’inspiration, le souffle, l’imagination créatrice ne s’actualisant, selon sa constante conviction, que dans et par un savoir technique irréprochable. Il voue un intérêt passionné à la boxe ; confirmation nous en est donnée par son pugiliste (Georges Carpentier) de 1920 : « Carpentier a posé ce matin. C’est vraiment une magnifique machine humaine. J’ai encore des erreurs d’aplomb. La beauté des antiques réside dans les aplombs justes… » Cette sculpture est un antique par la pose, par le costume pudiquement réduit au strict minimum et c’est un moderne par le regard insoumis face à l’adversité que le sculpteur lui a modelé. 1920, c’est l’année où Georges Carpentier devient champion du monde des mi-lourds. Deux ans nous séparent alors de l’armistice de 1918. Pour Landowski, Carpentier peut donc parfaitement incarner la figure du héros qui se relève de la boue des tranchées, d’autant qu’il a alors 24 ans. De fait, il incarne l’espoir et c’est sans aucun doute pourquoi Landowski le prend comme modèle pour son pugiliste. Car il lui faut un modèle pour affirmer sa confiance en l’homme ; il nous montre qu’un homme incarne un idéal, que sa force, sa ténacité, sa jeunesse nous inspirent confiance. Alors, il n’invente pas un homme idéal, il le trouve. Il le trouve dans Georges Carpentier.

Pendant plusieurs années, l’œuvre reste à l’état d’ébauche, continuellement reprise par le sculpteur suivant l’évolution du corps de l’athlète. Le plâtre (H. 240 cm) est exposé au Salon des Artistes Français de 1920 (N° 3204) et sa nudité est critiquée. Landowski aurait promis de vêtir son pugiliste pour l’épreuve réduite, mais la promesse ne sera tenue que très partiellement : une feuille de vigne cache le sexe de l’athlète sur les versions réduites en bronze, comme ici. Une version de l’œuvre participe au concours de sculpture organisée en parallèle des Jeux olympiques de Paris en 1924 et vaut à Landowski la première place au concours d’art qui a lieu lors du tournoi olympique d’athlétisme d’Amsterdam en août 1928. Elle devait faire partie d’un ensemble de quatre sculptures consacrées à la boxe : un Boxeur tombé, un Boxeur mettant ses bandelettes (non réalisé) et un Combat (non réalisé).

Un extrait du journal de Landowski en date du 26 août 1922 stipule « M. Leblanc-Barbedienne est revenu aujourd’hui. Nous voici d’accord. Et je vais essayer avec lui. Il me prend pour commencer le Pugiliste… ». Le contrat d’édition en date du 9 mars 1925, mentionne une concession pour 20 ans, droits d’auteur fixés à 25% (fontes au sable), 50% (cires perdues) sur le produit effectif de la vente du Pugiliste. Barbedienne fait mention du succès de la sculpture en rapport avec « des sujets sportifs prétextes à de beaux nus et qui correspondent à ce nouveau culte du corps qui émergea dans les années 1920-1930 et dont le « retour à l’ordre » tira profit ». Notre exemplaire, dont seulement cinq exemplaires auraient été édités en bronze dans cette dimension, est rarissime.