MARIE STUART

Jean-Désiré RINGEL D’ILLZACH   

Buste en cire polychrome, signé « Ringel d’Illzach » et daté de 1890.
H.60 x L.51 x  P. 30 cm
Circa 1890

Provenance: Acquis très vraisemblablement auprès de l’artiste par le Docteur et Mme Galippe ; don de Mme Galippe en 1925 au Musée des Beaux-arts de Mulhouse appartenant à la Société industrielle de Mulhouse ; ancienne collection strasbourgeoise jusqu’à l’acquisition par la galerie.

Œuvre en rapport: Marie Stuart, plâtre, h. 2,30 m conservé au Musée de Châteauroux

Bibliographie : A. Laugel, Biographies alsaciennes IV, « Ringel d’Illzach », Revue alsacienne illustrée, 1900, p. 24, modèle reproduit ; Jules Henrivaux, « Ringel d’Illzach », Art & industrie: revue mensuel illustré, 1910, non paginé, modèle reproduit ; Bulletin de la société industrielle de Mulhouse, 1925, séance du 27 mai, modèle cité p. 32 ; Jean-Luc Olivié, Etat des recherches sur un sculpteur inconnu du XIXe – Ringel d’Illzach (1847-1916), Mémoire de maîtrise, 1981, Université de Paris 1 Panthéon-Sorbonne, modèle cité p. 148 et reproduit.

Bibliographie de référence : A.P., « La statue de Marie Stuart », Magasin Pittoresque, 1891, p. 285 et 286 ; Audrey Gay-Mazuel, «  Le Demi-monde ou Perversité : redécouverte de deux bustes en cire et en grès de Ringel d’Illzach (1847-1916) – Nouvelles acquisitions pour le musée des Arts décoratifs », Revue de l’art, n°196, 2017, p. 39-5 ; Edouard Papet, En couleurs : la sculpture polychrome en France 1850-1910 », Catalogue d’exposition du Musée d’Orsay, Paris, 2018, p. 17 à 32.

VENDU

 

 

 

Description

Dans un contexte agité par des débats esthétiques relatifs à la polychromie de la sculpture moderne, en particulier la polychromie artificielle, Jean Désiré Ringel d’Illzach a largement contribué à redonner une place à l’utilisation de la cire polychrome dans ce domaine dans le dernier quart du XIXe siècle.

A la différence des cires monochromes, les cires polychromes sont faites pour être conservées telles quelles sans pour autant offrir de garanties de durée. Ringel d’Illzach a trouvé le moyen de durcir et de colorer la cire de manière à la rendre « inaltérable » ainsi que le précise le catalogue de vente de ses œuvres organisée à l’hôtel Drouot le 21 mars 1904. Il met au point un mélange constitué de cire et de résine, plus dur qu’une cire à modeler, et qui fond à 80°C. Ce matériau présente l’avantage de pouvoir être coulé dans des moules, d’être facilement retouché à chaud et de supporter certaines additions après moulage (comme les bijoux).  Il supporte également une coloration précise et par partie, créant d’ailleurs une illusion troublante dans le rendu des chairs et de la peau, ce qui n’a pas manqué d’être relevé à l’époque par ses détracteurs.

Ringel d’Illzach participe non seulement au renouvellement de la sculpture en cire polychrome dans les salons mais également à l’installation de cabinets de cire, comme le musée Grévin dont il est un des associés, lors de sa création en 1882.

L’histoire de notre buste de Marie Stuart illustre parfaitement ces deux domaines de création.

Une statue de plein pied de Marie Stuart avait été commandée par la duchesse de Pomar à notre artiste. Trouvant que la reine d’Ecosse et d’Angleterre lui ressemblait trait pour trait elle lui avait demandé de donner à Marie Stuart son visage. Une sculpture en plâtre a effectivement été réalisée  et exposée au Salon de la société nationale des Beaux-arts, ouvert au Champ de mars le 15 mai 1891.

Daté de 1890 notre buste en cire, de grandeur naturelle, aurait-il été une œuvre préparatoire à cette sculpture ? On y retrouve des similitudes dans le choix du costume Renaissance et de certains accessoires (le haut des manches, la coiffe, le voile, le collier de perles), dans le port de tête légèrement tourné et incliné ainsi que dans les traits du visage, à l’exception des yeux. Dans notre buste, en effet, les cavités oculaires sont traitées en creux et peintes, ce qui donne au regard une intensité caractéristique des œuvres en cire de Ringel d’Illzach, de même que la chevelure est retravaillée au peigne pour accentuer le mouvement des mèches ondulées et souples.

Œuvre préparatoire ou pas notre cire offre une belle texture homogène, sans aucune bulle d’air, qui atteste de sa grande qualité. Elle est posée sur un socle en bois d’origine.

L’œuvre est finalement entrée dans les collections du Docteur et de Madame Galippe que Ringel d’Illzach connaissait bien puisqu’il a réalisé en cire le médaillon du médecin et un buste de son épouse. Le buste de Marie Stuart a donc été acquis par les époux directement auprès de l’artiste. Puis en 1925, après la mort de son époux, Madame Galippe décide d’en faire don, avec son propre buste et deux autres, au Musée des Beaux-arts de Mulhouse dont les collections appartiennent à la Société Industrielle de Mulhouse. En 1958 cependant, l’inventaire des collections du Musée, réalisé à l’occasion de sa municipalisation, ne mentionne plus le buste de Marie Stuart.

Nous retrouvons donc aujourd’hui cette pièce unique et exceptionnelle dans un remarquable état de conservation. Le procédé mis au point par Ringel d’Illzach a su faire ses preuves…