PÊCHEUR NAPOLITAIN À LA TORTUE (1829-1831)

François RUDE

Bronze à patine brun clair signé « F. RUDE ».
Fonte de Ferdinand Barbedienne. Porte l’inscription « F. Barbedienne fondeur Paris » et la dédicace « A la mémoire de François Rude F. Barbedienne 18-83 ».
H. 80 x L. 85 x P. 50 cm

Seuls deux exemplaires en bronze à l’échelle 1 identifiés à ce jour.
Circa 1883
Œuvre en rapport : Jeune Pêcheur Napolitain, marbre, H. 82 x L. 88 x P. 48 cm, Paris, Musée du Louvre salle 226, inv. N°LP 63. Pêcheur Napolitain à la tortue, bronze, H. 80 x L. 90 x 46 cm, Dijon, Musée des Beaux-Arts,
Archives manuscrites : archives municipales de Rouen
Bibliographie en référence : Joseph Wassili, « Arrêt sur une œuvre – François Rude Jeune Pêcheur Napolitain jouant avec une tortue », Dossier de l’ArtFrançois et Sophie Rude, hors-série, n°19, novembre 2012, p. 60 et 61.

 

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Description

Le Jeune pêcheur napolitain jouant avec une tortue dirigée grâce à un jonc passé autour de son cou fait sensation lors de sa présentation au Salon de 1833. La critique y relève la précision anatomique et le naturel du jeune garçon à l’expression fraîche et naïve, qui change le regard sur l’antique. Opposant les tenants du classicisme à ceux du romantisme cette œuvre inaugure en sculpture le courant pittoresque et montre comment François Rude opère un subtil renouvellement de la tradition classique. Il conserve, en effet, la nudité chère au modèle antique mais la transpose dans la réalité contemporaine, qu’il interprète en se servant des exemples de la littérature ou de la peinture de l’époque, puisqu’il n’était pas encore allé en Italie.  Ainsi son jeune pêcheur, reconnaissable à son filet et à son bonnet, est traité « comme une émanation des bergers de l’Arcadie, figures pastorales souvent évoquées par les sculpteurs néoclassiques. » (op. cit. supra, p. 60)

Mais la liberté de l’attitude gracieuse du jeune garçon, le pittoresque de son jeu, l’expression vivante de son visage rieur aux traits populaires, le réalisme de son bonnet de feutre et de ses cheveux mouillés rendent le sujet pittoresque et moderne, se rattachant davantage à l’école romantique en se détachant de la beauté idéale classique.

Appelée à un grand succès, cette œuvre a été maintes fois éditée en bronze par la Maison Barbedienne d’abord, l’éditeur historique de François Rude avec lequel il existait un contrat d’édition de ce modèle dès 1843, puis par la fonderie Susse à partir de 1905.

Le contrat conclu avec la maison Barbedienne ne concernait cependant que des réductions du modèle par le procédé Collas et ne prévoyait pas d’éditer des modèles à l’échelle 1, c’est-à-dire grandeur nature. Nous savons cependant qu’il existait bien deux bronzes du modèle à l’échelle 1 :

– le seul identifié et localisé jusque-là avait été fondu par Eck et Durant en 1858, sans doute à la demande de la famille Rude, pour honorer la mémoire de l’artiste après sa mort survenue en 1855. Il est aujourd’hui conservé au musée de Dijon.

– l’autre était une fonte de Barbedienne. En effet une lettre datée du 16 mai 1887 (conservée dans les archives du musée de Rouen) nous indique que la maison Barbedienne avait fourni pour une loterie le lot n°1 consistant en un exemplaire du « Pêcheur à la tortue de Rude bronze grandeur naturelle ». Dans cette lettre, la gagnante du lot proposait de céder ce bronze au musée de Dijon pour la somme de 1500 francs, offre à laquelle le musée n’a pas donné suite. Toute trace de ce bronze a ensuite été perdue. Or notre bronze est à l’échelle grandeur nature puisqu’il est de même dimension que le modèle en marbre exposé au Musée du Louvre. Il a été fondu par la maison Barbedienne et est de surcroît précisément dédicacé ainsi que daté par Ferdinand Barbedienne « à la mémoire de François Rude F. Barbedienne 18-83 ».

Il correspond ainsi en tous points au bronze de la loterie perdu jusque-là et constitue le seul exemplaire en bronze de ce modèle fondu par Barbedienne à l’échelle 1.

Le spécialiste de François Rude Joseph Wassili, que nous remercions pour toutes les précieuses informations inédites qu’il nous a données sur cette œuvre, nous a spécifié qu’il ne connaissait pas d’autre exemplaire de ce format.

Notre sculpture est donc une œuvre d’une grande rareté dont la découverte est exceptionnelle.