UGOLIN

Jean-Baptiste CARPEAUX

Esquisse en plâtre patiné, numérotée « 13 »
H. 52,7 x L. 35 x P. 26 cm
Circa avant 1935

Œuvres en rapport : Ugolin (esquisse, variante d’état), Paris, collection Fabius (plâtre, épreuve ancienne retouchée par l’artiste – 53 x 34 x 26 cm) ; Ugolin et ses fils, Marseille, musée des Beaux-Arts (inv. S456) plâtre – 55 x 35 x 19 cm ; Ugolin et ses fils, New York, collection du Dr Barnet Fine, plâtre -53,5 cm – ; Ugolin et ses fils, Detroit Institute of Arts, plâtre – 52,5cm.
Bibliographie: Fogg Art Museum, Metamorphoses in 19th-Century Sculpture, Jeanne L. Wasserman, 1975, pp 113 à 123 ; M. Poletti et A. Richarme, Jean-Baptiste Carpeaux sculpteur catalogue raisonné de l’œuvre, Les Editions de l’Amateur, 2003. p. 170, modèle référencé ES 16 (esquisse en bronze de la villa Médicis).

VENDU

Description

Prix de Rome en 1855, c’est à la Villa Médicis que Carpeaux ébauche, malgré le règlement prescrivant des sujets tirés des Écritures ou de l’histoire ancienne, le groupe d’Ugolin et ses enfants. Le sculpteur s’inspire du chant XXXIII de la Divine Comédie de Dante qui relate la rencontre aux Enfers de l’écrivain, conduit par Virgile, avec Ugolino della Gherardesca. Le comte interrogé, raconte le châtiment qu’il a subi. Au XIIIe siècle à Pise, après avoir trahi le parti des Gibelins, favorables à l’Empereur dans sa lutte contre le Pape, quant à lui soutenu par les Guelfes, Ugolin est enfermé dans une tour. Son rival, l’archevêque Ubaldini, le condamne à mourir de faim en prison. Selon la légende, Ugolin aurait succombé après avoir mangé ses fils et ses petits-fils enfermés avec lui. Carpeaux parvient ici à exprimer les passions les plus violentes ; chaque enfant représente une étape vers la mort. L’expression de douleur du père, le modelé nerveux du corps et en particulier du dos, attestent de l’étude attentive par Carpeaux du Laocoon antique de Michel-Ange et du Radeau de la Méduse de Géricault. Pour ce faire, il s’aide de dessins préparatoires, de maquettes en terre cuite ou en plâtre. Plus de six états sont répertoriés dans des collections publiques ou privées, avec trois, quatre ou cinq personnages, plus ou moins dégagés, au fur et à mesure que la composition finale se précise. La première esquisse en plâtre du groupe comprenant quatre personnages est celle de la villa Médicis (Académie de France, villa Médicis, Rome). Elle a servi de modèle pour différents moules et fontes. Certains de ces plâtres ont été offerts aux musées français à la demande de Mme Clément-Carpeaux. Il faut cependant attendre 1935, pour trouver trace de la première édition de cette esquisse en bronze attestée, celle faite par la maison Susse (M. Poletti et A. Richarme, opus cité-supra, modèle ES 16). Notre plâtre s’apparente quant à lui à un moulage d’après le plâtre de la villa Médicis, que l’on peut qualifier de groupe A (selon le Fogg Art Museum, opus cité-supra, p 115) car toutes les coutures de notre exemplaire sont apparentes et fraîches. Il s’agit du plus beau plâtre en termes de qualité et d’état qu’il m’ait été amené d’examiner. Réalisé par la technique du moule à pièces, il laisse entrevoir toutes les coutures des moules. Animée par l’adjonction de petites boulettes et d’aplats – selon l’habile technique du sculpteur -, vive de modelé, fouillée jusqu’à l’expression du geste, notre esquisse donne à voir les différents aspects du processus de création de ce chef-d’œuvre au « style noble et musculeux où insuffle une vie et une sensibilité inattendues.» (Coignard, 2014).