Description
Barye a représenté ici Ferdinand-Philippe d’Orléans (1810-1842), le fils aîné du roi Louis-Philippe, mort d’un accident de calèche à Neuilly. Ce décès absurde fut pourtant un des éléments qui fit entrer Ferdinand dans la légende : celui d’un beau prince héroïque et romantique, espoir du royaume fauché par le destin. C’est sans doute Alfred de Musset qui résuma, mieux encore que les différentes représentations du drame, le sentiment général : « Que ce Dieu, qui m’entend, me garde d’un blasphème !/Mais je ne comprends rien à ce lâche destin/Qui va sur un pavé briser un diadème, /Parce qu’un postillon n’a pas sa bride en main ».
Rappelons encore que le jeune duc se révéla être un véritable mécène, et a permis à notre artiste débutant de s’imposer comme le sculpteur romantique de sa génération, grâce essentiellement à la commande d’un impressionnant surtout de table (1834-1839), véritable chef-d’œuvre du genre.
Cette statue équestre est un hommage posthume du sculpteur à son mécène et forme un pendant avec Le Général Bonaparte. La reine Amélie en possédait un exemplaire, qu’elle avait placé en face de son bureau du palais des Tuileries, vers 1845-1848. Le prix des deux sculptures a varié selon les régimes : sous la monarchie de Juillet, Le duc d’Orléans est deux fois plus coûteux que Le Général Bonaparte, preuve de la préférence du sculpteur pour la famille royale ? Durant le second Empire, Barye présente les deux statues au même prix.
On peut, sur notre exemplaire, déchiffrer l’inscription « dépositaire Delesalle, 41 boulevard du temple ». Delesalle « bronzes d’art et d’ameublement, garnitures de cheminée, groupes, statuettes, suspensions, lustres, etc » était l’un des dépositaires du sculpteur jusqu’en 1874.