MONUMENT AUX AÉRONAUTES DU SIÈGE DE PARIS (1879)

Frédéric-Auguste BARTHOLDI 

Bronze à patine brune, signé « A. Bartholdi ».
Fonte au sable sans marque de fondeur
H. 70 cm – diamètre de la base : 32 cm
Circa 1900
Inscription sur la plaque : « Monument des aéronautes du siège de Paris / A. M. Alfred Brian / Souvenir de participation ».

Bibliographie : Jacques Betz, Bartholdi, 1954, page 247.




Description

Bartholdi groupe autour d’un aérostat, qui s’élève, la Ville de Paris, sous les traits d’une femme éplorée, et ses enfants, qui meurent de faim et de froid. Elle les protège et les garde contre un ennemi qu’elle semble guetter, en même temps qu’elle accueille les pigeons voyageurs battant des ailes ou se posant sur la stèle, fidèles messagers, porteurs de nouvelles pour la province. Un peu au-dessus du groupe, le Génie de la Défense tient le drapeau, dont les plis flottent tout autour de l’aérostat.

La maquette de ce monument a fait l’objet d’un concours ouvert par la ville de Paris en 1879, pour commémorer un épisode historique de la capitale. Il s’agissait d’illustrer le geste héroïque des aéronautes français pendant le siège de Paris, du 23 septembre 1870 au 28 janvier 1871. Soixante-six ballons avaient quitté la ville, libérant du joug de l’ennemi les citadins pris au piège. Le plus célèbre de ces ballons est l’Armand Barbès, qui s’était envolé depuis Montmartre, avec à son bord Léon Gambetta.

Bartholdi imagine alors un premier projet mais celui-ci est refusé car « le ballon n’est pas une forme artistique ». En 1890, il propose le même projet quelque peu modifié et cette fois suscite l’enthousiasme des organisateurs. Il est présenté à l’Exposition universelle de 1900 dans la section réservée à la Société de navigation aérienne, puis finalement inauguré le 28 janvier 1906 avec un lâcher de 5 000 pigeons précédant le défilé des délégations des anciens combattants de 1870 ; d’une hauteur de 7 mètres, il s’élevait sur le rond-point de la Révolte, en face de la porte des Ternes. Il disparaîtra malheureusement sous l’Occupation, dans la grande rafle des bronzes.

De ce monument ne subsistent de nos jours que la maquette  (H. 57,7 cm) conservée au musée de l’Air et de l’Espace du Bourget ( Inv. 11012) ainsi qu’un bronze et onyx au musée Bartholdi de Colmar, reproduction de l’esquisse originale. Notre bronze est de fait une rareté et un émouvant témoignage de cette page importante de la conquête de l’air.

D’après plusieurs documents d’époque, Alfred Brian est mentionné comme un généreux donateur qui soutenait les sciences, les orphelins, les arts …; décédé en 1915 des suites d’un accident, il a certainement soutenu Bartholdi pour la réalisation de notre sculpture, comme l’indique son nom sur la plaque.