Description
L’existence de l’œuvre sculpté d’Ernest Meissonier, artiste célèbre pour ses peintures de scènes militaires, ne fut révélée qu’en 1893, soit après sa mort, par deux expositions : l’une à la galerie Georges Petit, l’autre à l’Ecole des Beaux-arts. Il gardait effectivement pour lui cette activité de sculpteur, qui lui procurait « une ivresse immédiate de créateur » (M-O. Gréard, op. cit., p. 200), car elle n’avait pour but que de préparer ses tableaux afin de les rendre le plus réaliste possible. Sa recherche de précision quasi scientifique va ainsi le conduire à la réalisation de maquettes en cire qui, par leur malléabilité et leur représentation tri-dimensionnelle, lui permettront de mieux appréhender les mises en situation, les mouvements et les jeux de lumière.
Ces cires sont rigoureusement construites sur des squelettes réalisés à partir de fil de fer, éventuellement complétés de petits ressorts, et modelées avec autant de précision que si elles étaient destinées au moulage alors que Meissonier n’a jamais envisagé de les faire éditer. C’est en 1848 qu’il aurait exécuté ses premières maquettes dont assez peu nous sont parvenues. Parmi elles figure Napoléon 1er 1814 , en cire rouge , à cheval, au pas, la main droite dans sa redingote. Cette sculpture a servi d’étude à différentes toiles sur l’épopée napoléonienne et en particulier La campagne de France,1814, aujourd’hui conservée au Musée d’Orsay. On retrouve, dans la figure centrale de l’empereur, la même attitude volontaire, la même position des mains, des jambes et du buste ainsi que les mêmes vêtements et accessoires que dans la cire. Seule la position des jambes du cheval a changé. Meissonier étant passé maître dans l’art de la figuration équine, même auprès de ses détracteurs, peut-être que la position choisie pour la cire ne convenait plus au sol boueux de la peinture?
Quoiqu’il en soit cette cire a été présentée à la galerie Georges Petit en 1893 avec toutes celles que les enfants du premier mariage de Meissonier, Thérese et Charles, avaient reçues en héritage. Ces derniers ont ensuite cédé leur droit de reproduction à la galerie Georges Petit qui a décidé de les faire éditer en bronze. Pour ce faire elle s’est adressée au fondeur Siot-Decauville avec lequel il a été convenu d’un tirage limité à 50 exemplaires pour chaque modèle.
Le modèle de notre exemplaire Napoléon 1er en 1814 provient donc de l’édition en bronze de la cire Napoleon 1er 1814par Siot-Decauville, qui a commencé en 1894 et s’est terminée vers 1926. Notre exemplaire portant le numéro 10 fait donc partie des premières éditions, ce qui le date aux alentours de 1900.