ORPHÉE

Pierre-Alfred-Noël CAZAUBON 

Bronze à patine brun vert nuancé. Porte le monogramme de l’artiste.
Fonte de Attilio Valsuani. Porte le cachet du fondeur.
H. 2,70 m
Circa 1940

Bibliographie de référence : F. Roches, « Le salon d’automne 1941 », l’Architecture française : architecture, urbanisme, décoration 1940 – 1975, Paris, modèle similaire p. 42 illustré p. 43; R – J., «  Le salon d’automne 1945 », Mobilier & décoration, 1945, p. 20 ; Henry Parayre, L’Archer, « sculpture », n°9, novembre 1935, p. 370 note ; Paul Sentenac, «  l’exposition des artistes toulousains à Galliéra », La Renaissance, 1eravril 1932, p. 98 ; L’Art et les artistes, «  L’actualité et la curiosité à travers le Salon d’Automne » p. 66 ; Dossier d’artiste du Musée des années Trente, Boulogne-Billancourt, Le Temps, 5 nov. 1929.

Description

Pierre-Alfred-Noël Cazaubon travaille dans le sillage de Maillol et de Bourdelle. Comme ce dernier il cherche à donner une dimension monumentale à ses sculptures pour occuper l’espace dans lequel elles sont placées. Il s’intéresse à tous les thèmes historiques, religieux ou mythologiques, comme dans cette impressionnante sculpture plus grande que nature présentant Orphée levant sa lyre. Le mythe grec raconte que cet instrument lui avait été offert par son père Apollon. Orphée en jouait si bien qu’il séduisit la belle nymphe Eurydice. Mais, peu après leur mariage, Eurydice mourut des suites d’une morsure de serpent. Désespéré Orphée descendit aux enfers pour la chercher. Hadès l’y autorisa à la seule condition de ne pas chercher à regarder sa femme. Se croyant hors des enfers, Orphée se retourna pour embrasser Eurydice, mais hélas trop tôt. Celle-ci n’en était pas encore complètement sortie et mourut pour de bon.  Pierre-Alfred-Noël Cazaubon nous montre Orphée debout, le corps élancé, entièrement nu, les bras levés dont l’un tendant sa lyre au-dessus de sa tête. On retrouve dans cette figure virile le même style fluide aux lignes épurées et aux formes stylisées que celui avec lequel le sculpteur traite ses figures féminines et qui fait écho au travail de Maillol. On y retrouve aussi ce modelé doux et vibrant sur lequel la lumière joue délicatement et qui avait été tellement loué en 1929. Ce bronze monumental rappelle encore le colossal Apollon musagète d’Henri Bouchard, également en bronze, commandé par l’Etat en 1937 pour orner l’entrée du Palais de Chaillot et toujours en place. Apollon, comme Orphée, se tient dans toute sa nudité debout avec  une lyre mais il l’appuie sur son épaule. Alors que la figure d’Apollon est puissante, massive et statique celle d’Orphée rend, par son attitude et son traitement,  la sculpture extrêmement dynamique et  d’une grande modernité. Un modèle de composition similaire, également de taille monumentale, en plâtre intitulé Ephèbe a été présenté sur les marches du Salon d’Automne de 1941.

Notre sculpture est, de surcroît, par l’importance de sa taille, le résultat d’une prouesse technique dont elle est sans doute le seul exemplaire. Elle a été fondue à la cire perdue en deux parties qui ont ensuite été soudées. La qualité de la fonte est exceptionnelle surtout pour une sculpture de cette dimension. Elle est due à Attilio Valsuani, frère de Claude, en activité vers 1927 jusqu’à sa mort en 1960.