PÊCHEUR À LA COQUILLE N°2 (1857)

Jean-Baptiste CARPEAUX

Sculpture en marbre blanc de Carrare, signé « JBte Carpeaux » ; édition posthume par la maison Susse à quelques très rares exemplaires.
H. 62 x L. 27 x P. 37 cm
Circa 1915

Bibliographie : M. Poletti, A. Richarme, Jean-Baptiste Carpeaux sculpteur : catalogue raisonné de l’œuvre édité, Paris, 2003, p. 64, modèle référencé sous le n° SA 10. Sous la direction de Édouard Papet et James David Draper, Carpeaux 1827-1875 Un sculpteur pour l’empire, exposition : New York, The Metropolitan Museum of Art 10 mars – 26 mai 2014, Paris, musée d’Orsay 24 juin – 28 septembre 2014, page 55 à 65.

VENDU

 

 

Description

1856 : dès son arrivée à la Villa Médicis, Carpeaux est confronté au règlement. Chaque année, pendant ces cinq ans à Rome, il devra expédier à Paris un « envoi » témoignant de son zèle et de ses progrès. Aussitôt fait : il se distingue en sculptant le Pêcheur à la coquille. Bien que réalisé à Rome en 1857, le modèle de notre marbre est inspiré du souvenir d’un jeune garçon sur une plage napolitaine observé par le sculpteur un an plus tôt. Exécuté de manière très réaliste, cet enfant portant à son oreille une coquille vide est un hommage de Carpeaux au Jeune pêcheur dansant la tarentelle de Francisque Joseph Duret et au Pêcheur napolitain jouant avec une tortue de François Rude présenté au Salon de 1829. Le sujet anecdotique empreint de naturalisme vif et réjouissant apporte un souffle nouveau à la sculpture du XIXème siècle. Carpeaux concentre son attention sur le jeu souple des muscles, les boucles foisonnantes du modèle et son sourire irrésistible. Son Pêcheur remporte un tel succès à Paris, où la version en marbre est exposée en 1861, que trois ans plus tard , il crée un pendant à son œuvre, Jeune Fille à la coquille. Très satisfait de son travail, Carpeaux inonde sa famille et ses amis de lettres où il souhaite faire partager son enthousiasme. Il crie victoire auprès de Laurent : « Réjouissez-vous, mon cher, car votre ami Carpeaux vient de faire une figure qui me vaut tous les suffrages de mes collègues. C’est une grande victoire qui me découvre un avenir brillant… Hébert m’assure que ma statue peut supporter le voisinage de mon maître Rude, je n’ose y croire ! ».

Expédiée en plâtre à l’École des Beaux-Arts avec les envois des autres élèves, sa figure ne rencontre cependant pas le succès escompté auprès des membres de l’Institut. On lui reproche son pittoresque et le fait de n’avoir pas choisi un sujet plus élevé. Refusant de vendre son plâtre à l’État, il en fait tirer deux bronzes grandeur nature par Thiébaut. Un exemplaire réalisé en marbre et exposé au Salon de 1863 est acheté par l’impératrice Eugénie. Plus tard, le sculpteur tirera de nombreux bustes de cette œuvre qui seront réalisés en tous matériaux.

Après sa mort, la famille en continue l’exploitation assidûment, essentiellement en bronze et dans la deuxième version, avec filet. Lors du rapprochement avec l’éditeur Susse au début du XXe siècle (agrément d’octobre 1911), elle accepte l’exploitation de deux nouvelles réductions : le Pêcheur à la coquille n°2, le Pêcheur à la coquille n° 4. Notre marbre, à la fois sinueux et tendu, est un témoignage rare de cette précieuse collaboration. Ce Pêcheur à la coquille n°2 n’a jamais édité du vivant de l’artiste dans aucun matériau. À ma connaissance, cet exemplaire est le plus beau qu’il m’ait été donné de voir.