Jules DESBOIS

(1851-1935)

Desbois est choisi après trois ans d’études à l’École des Beaux-Arts d’Angers, pour s’inscrire à l’École des Beaux-Arts de Paris. Élève de Cavelier, il expose pour la première fois au Salon en 1875 (Orphée). Délaissant un temps la sculpture, c’est l’Amérique qui le tente pour un séjour de trois ans. À son retour, ce n’est alors seulement au contact de Rodin, que Desbois va vraiment se passionner pour la sculpture et enfin épanouir son talent en s’orientant vers un art sensuel débarrassé de toute rigidité académique. Sa première grande commande, Desbois l’obtient en 1855 du baron Alphonse de Rothschild (Acis changé en fleuve). Mais c’est au Salon de 1886 qu’il expose Satyre et nymphe (marbre, Parçay-les-Pins, Maine-et-Loire, musée Jules Desbois), œuvre charnière de sa carrière dans laquelle il exprime pleinement son talent créateur. À trente-cinq ans, Desbois est en train de se découvrir sculpteur. Il continue néanmoins de collaborer avec Rodin sur des chantiers monumentaux à Paris et en province, puis d’avril 1886 à août 1887, est employé à la Manufacture de Sèvres à divers travaux. En 1890, il est l’un des premiers sociétaires de la Société Nationale des Beaux-Arts ; à cette occasion, il expose un groupe spectaculaire La Mort et le bûcheron (aujourd’hui détruit) reconnu par toute la presse comme le « clou » du Salon ; il y aborde le thème de la maladie et de la mort de façon magistrale, sans aucun artifice. Cette compassion, cette fraternité humaine l’accompagne tout au long de sa vie d’artiste comme en témoigne La Misèrede 1894 (version en plâtre). Mais il y a aussi le Desbois passionné du corps féminin, qu’il étudie dans des courbes toujours très travaillées, avec une composition le plus souvent basée sur une ligne hélicoïdale très dynamique. Poète de la chair, les contemporains de Jules Desbois l’admirent pour la maîtrise, la subtilité et la fluidité de ses modelés. Jules Desbois participe également au renouveau de son temps pour les arts décoratifs et présente ses premières pièces dès 1892 – bronze, argent, céramique et surtout étain – où se mêlent divers répertoires entre japonisme, naturalisme et sujets mythologiques. Auguste Rodin qui l’appréciait à sa juste valeur déclarait en 1911 « Allez donc voir Desbois ! Il pratique la sculpture avec une ferveur qui confine à la religion ».