du 26 Janvier au 2 février 2025

Quelle joie de pouvoir retrouver nos amis belges à l’occasion de la Brafa de 2025 pour sa soixante-dixième édition ! C’est toujours un plaisir d’exposer dans ce salon de qualité internationale. Pour l’occasion, je souhaite vous proposer deux sculptures singulières de deux artistes femmes que j’affectionne tout particulièrement. La première œuvre, Sans titre de Loló Soldevilla (1901-1971) artiste d’origine cubaine, rend hommage à l’avant-garde d’Europe et d’Amérique latine dans les années 50 au travers de sa forme déstructurée inspirée de l’abstraction géométrique et des engrenages néo-dadaïstes. La seconde, le Taureau Floréal d’Eva Aeppli (1925-2015) conçu dans les années 1979-1980, nous interpelle par sa force silencieuse, sa présence physique héritées de l’étude approfondie de l’astrologie qui anima l’artiste tout au long de sa carrière.

Remontons le temps avec un ensemble de sculptures tout à fait inédites que je vous propose aujourd’hui, spécialement sélectionnées pour le salon. Tout d’abord, évoquons les débuts d’Auguste Rodin (1840-1917) en Belgique, avec Suzon (avant 1875) (réduction n°4), un bronze charmant à la patine argentée fondu par la Compagnie des Bronzes de Bruxelles. Puis un Napoléon 1er en 1814 (après 1860) par Ernest Meissonier (1815-1891), grande figure du XIXe académique français. L’épreuve en bronze, numérotée 10, fait partie des premiers tirages réalisés, après sa mort, à partir d’une maquette en cire faite par l’artiste dans le but de préparer son célèbre tableau La campagne de France 1814.

Les animaliers sont également présents, comme pour les années précédentes. D’ Edouard Navellier (1865-1944), artiste rare et touchant, nous exposons un Rhinocéros de l’Inde (1907), modelé à Anvers en 1909, spécialement ciselé et patiné par le sculpteur lui-même. Une œuvre importante dans sa création puisque le modèle a figuré dans pas moins de dix expositions à travers le monde du Salon d’automne de 1907 à celui de 1945. Au rendez-vous également, La Panthère aiguisant ses griffes (1927) de Georges-Lucien Guyot (1885-1973). Le sujet à la puissante verticalité formée par l’animal dressé contre un tronc, exprime tout le talent du sculpteur qui s’exerce à retracer par le menu les accidents du poil, la rugosité de l’écorce. Comment ne pas être attendri par le Lapin en boule d’Édouard-Marcel Sandoz (1881-1971) que le sculpteur a su traduire dans une forme purement synthétique, réduite à l’essentiel. De toute petite dimension, l’amateur peut le prendre en main pour mieux l’apprécier ou le disposer comme il l’entend, lui donnant ainsi l’impression d’être extraordinairement présent.

La sculpture figurative du XXe siècle est aussi l’une de mes passions. Elle est représentée par la sculpture de Bacchus, une des toutes dernières œuvres de Charles Despiau (1874-1946). Elle s’inscrit dans le processus de création de la statue d’Apollon, oeuvre colossale que l’État commande à Despiau en 1936 pour le parvis central du Palais de Tokyo, qui donnera lieu à plusieurs versions mais que Despiau ne livrera jamais ; élégant et rayonnant à l’image d’un athlète grec il incarne la parfaite représentation du style équilibré et calme, à l’ordonnance simple, à la touche fine et nerveuse qui caractérise les recherches plastiques de Despiau. Autre sculpteur qui m’est cher, Marcel Gimond (1894-1961) et son Nu à la draperie ; il s’en échappe un dynamisme secret, sans vaine éloquence. Sa sculpture possède l’harmonie, elle a une qualité d’émotion extraordinaire. C’est tout cela que j’entends transmettre au travers de ma passion de la sculpture, et je mets tout en œuvre pour que mon stand ait toutes les qualités pour y parvenir. Nicolas Bourriaud