du vendredi 22 au mercredi 27 novembre 2024 

C’est une grande chance de participer à FAB Paris en 2024, la foire fêtant cette année son retour dans les murs du Grand Palais. Une fois n’est pas coutume, nous exposons à cette occasion une cheminée en plâtre original patiné de Léon-Ernest Drivier (1878-1951). Conçu par l’artiste durant l’été 1922 pour sa villa de villégiature normande, la « Villa les Cloches » située à Vattetot-sur-mer, cet imposant manteau de cheminée en plâtre patiné a échappé de justesse à la destruction après la Seconde guerre mondiale, grâce à l’intervention du maire de la commune à la suite de la vente de la maison. Cette pièce unique et sans précédent dans le corpus d’œuvres de l’artiste est à la charnière de son évolution artistique. Encore fortement influencée par son maître Auguste Rodin pour lequel il a été un des praticiens très appréciés, elle annonce déjà son ouverture à un courant plus moderne et plus sobre.

Autre œuvre d’exception, une sculpture de couleurs, un bas-relief en pâte de verre Étude pour le Vase Sujet pastorald’Henry Cros (1840-1907). Étude préparatoire ou œuvre à part entière, il évoque à lui seul l’univers poétique de ce grand dessinateur et sculpteur, auteur d’une Antiquité rêvée. Exceptionnel par sa taille, il est à mettre en rapport avec le Vase Sujet pastoral (vers 1895-1900) conservé au musée des Arts Décoratifs.

Véritable tour d’horizon de la sculpture sur deux siècles, notre stand inclue bien sûr plusieurs bronzes d’Antoine-Louis Barye (1795-1875), sculpteur fétiche de la galerie, ainsi qu’un ensemble animé d’ours anthropomorphes de Christophe Fratin (1800-1864). De ce même siècle, citons la Mater Dolorosa (esquisse) (1869) de Jean-Baptiste Carpeaux (1827-1875) magnifique terre cuite du vivant de l’artiste, sublime incarnation de la douleur maternelle. Retenons également le charmant portrait de Mademoiselle Sienkiewicz par René de Saint-Marceaux (1845-1915) qui interpelle par son parti-pris de simplicité chère au sculpteur.

Le XXème siècle est majoritairement représenté par une pléiade d’artistes animaliers des années Trente avec pour chef de file François Pompon (1855-1933) : Coq (1913), Coq dormant (avant 1914) et Dindon (1925) viennent alors s’ajouter à un bestiaire multiple ; ici un Petit congre d’Édouard-Marcel Sandoz (1881-1971), un Condor de Marcel Lémar (1892-1941) et là une Buse de Willy Zügel (1876-1950) …

Les figuratifs ne sont pas en reste avec une belle Baigneuse debout (1900) d’Aristide Maillol (1861-1944) sculpture charnière à l’origine de la collaboration entre le sculpteur et le marchand Ambroise Vollard. Notre exemplaire s’apparente à la première version, telle qu’immortalisée sur la cheminée dans le célèbre tableau de Pierre Bonnard Portrait d’Ambroise Vollard au chat conservé au musée du Petit-Palais.

Artiste rare, Oscar Miestchaninoff (1886-1956), issu de l’École de Paris, sait nous séduire avec sa Tête de jeune bulgare. Par sa vision assagie et stylisée, elle s’apparente à sa production de bustes qu’il débute dès son arrivée dans la capitale en 1906.

Terminons ce tour d’horizon par un clin d’œil « mi sculpture mi objet », un ravissant serre-livres d’Ary Jean Léon Bitter(1883-1973) qui se démarque de sa production habituelle ; le sculpteur nous propose cette fois-ci deux impalas dos à dos, dont les longues cornes offrent une esthétique naturelle et élégante.

Une collection éphémère certes, mais qui je l’espère, saura retenir votre attention par son extraordinaire diversité et sa quête incessante d’une qualité sans compromis. Nicolas Bourriaud