du 19 au 24 septembre 2025

C’est une grande émotion de pouvoir exposer cette année encore sous la verrière du Grand Palais, lieu magique et historique. Pour l’occasion, j’ai sélectionné des oeuvres importantes et uniques qui, dans la catégorie des bronzes, ont été toutes fondues du vivant des artistes.

Pour commencer, il convient de remarquer cette très belle épreuve d’Antoine-Louis Barye (1795-1875) Thésée combattant le centaure Biénor (esquisse) qui a été récompensée à l’Exposition Universelle de 1855 « pour sa fleur de fonte ». Un bronze présenté avec ses coutures pour démontrer la qualité technique de la fonte, ce que le jury n’a pas manqué de relever. Autre pièce importante, historique, Le Prince impérial et son chien Néro (1865) de Jean-Baptiste Carpeaux (1827-1875) qui a la particularité d’avoir été réalisé en bronze d’aluminium par Paul Morin pour l’impératrice Eugénie. La famille impériale réputée pour son goût pour les nouvelles technologies s’est en effet intéressée très tôt aux possibilités d’application artistique de l’aluminium ; notre sculpture est un très rare témoignage de cette nouvelle technique apparue au milieu du XIXe siècle, souvent associée à ses débuts à l’or ou à l’argent.

D’une grande valeur décorative, autre pièce unique, un superbe Projet de fontaine par Alexandre Falguière (1831-1900). Réalisée en 1859, précisément l’année où Falguière obtient le Premier Prix de Rome, pour le maire de Portet-sur-Garonne au château de la Creuse. Le projet en terre cuite était encore en place à la mort du sculpteur, en 1900 et nous est parvenu jusqu’ici dans un remarquable état de conservation. En dépit du sujet classique la composition est vivante, légère et joyeuse. Elle illustre parfaitement le sens de la mise en scène de l’artiste qui cherche à organiser un véritable tableau vivant, ce qui a d’ailleurs fait sa réputation. Autre terre cuite remarquable, un Buste de fillette dit aussi Le Printemps de Jules Desbois (1851-1935), un artiste qui m’est cher. Outre la délicatesse et la fraîcheur du modèle, le décor floral de la coiffure de ce buste illustre tout à fait le processus de création de l’artiste qui joue à varier les détails entre la première et la dernière version d’un même modèle. Œuvre importante parmi d’autres, Le Voyageur (1878) d’Ernest Meissonier (1815-1891), numérotée 36 et dont la fonte posthume a été probablement réalisée entre 1910 et 1920.

Les animaliers ne sont pas en reste avec nos chers Guyot, Petersen, Shonnard, Pompon … mention spéciale pour cet adorable Ânon d’Afrique, numéro 1 premier état un des premiers modèles crées par Armand Petersen (1891-1969). Ce bronze à la patine brun chocolat délicatement nuancée est extrêmement rare puisque seuls quelques exemplaires ont été recensés à ce jour.

En ce qui concerne les artistes figuratifs, citons le Fakir aux serpents (1903) de Paul Landowski (1875-1961), rare fonte de Bisceglia ou bien encore l’amusant Madame George (Daisy) Waterman et son griffon de Bruxelles, Toto du prince Paul Troubetzkoy (1866-1938) à qui le musée d’Orsay  consacre une exposition du 30 septembre 2025 au 11 janvier 2026.

Plus proche de nous, Antoniucci Volti (1915-1989) sera représenté avantageusement avec un ensemble de plusieurs sculptures de très belle qualité, notamment deux terres cuites originales. Le sculpteur a su décliner tout au long de sa carrière de plasticien la figure de la femme dont les rythmes et les volumes n’ont cessé de l’enchanter ; en témoigne cette Femme nue accoudée et allongée, fonte de Godard ayant appartenu à Jacques Ratier, directeur de la Galerie Chardin qui a exposé Volti en ses murs dès 1952. Sans oublier Émile Gilioli (1911-1977) qui une fois de plus nous interpelle avec sa Tête en angle (1945), plâtre original d’une schématisation extrême.

Il me reste à vous souhaiter une très belle visite sur notre stand S6 et j’espère que nous saurons une nouvelle fois vous intéresser, vous inspirer et vous surprendre. Nicolas Bourriaud