Description
Cette baigneuse debout témoigne à la fois du goût de l’artiste pour la figuration et dévoile déjà le style propre, épuré et serein, qui va faire son succès. Le modèle original exécuté en bois a vu le jour vers 1897-1900 et a été rapidement acquis par la princesse Bibesco. Elle pourrait être celle que Vollard cite dans ses Souvenirs d’un marchand de tableaux, initiant l’édition en bronze des premières oeuvres sculptées de Maillol : « J’avais dit à Maillol qui venait de donner le dernier coup de ciseau à une statuette en bois : « Si l’on en faisait un bronze ? – Un bronze ? Confiez-moi la statuette, je m’en charge ». L’original en bois, ne fut pas directement utilisé à la fonderie ; un moulage en plâtre servit d’intermédiaire.
Œuvre charnière de la carrière du sculpteur, cette statuette inaugure cette précieuse collaboration entre les deux hommes qui s’est concrétisée par une première exposition du 16 au 30 juin1902, scellée par un contrat d’édition la même année.
Le sujet (modèle n°3 du tableau présentant le catalogue des sculptures de Maillol éditées par Ambroise Vollard, établi par Ursel Berger) a fait partie des vingt-deux oeuvres dont la propriété et le droit d’édition ont été cédés au célèbre marchand et collectionneur. Il est répertorié sous le titre Statuette femme debout le bras derrière le dos. Il fut ensuite repris en terre cuite et tiré en bronze, en plusieurs versions présentant des variantes, tel le modèle n°4 Autre statuette femme debout le bras derrière le dos aussi. Notre exemplaire s’apparente à la première version, telle qu’immortalisée sur la cheminée dans le célèbre tableau de Pierre Bonnard Portrait d’Ambroise Vollard au chat conservé au musée du Petit-Palais.
Les travaux d’Élisabeth Lebon et d’Ursel Berger sur l’exécution des éditions Vollard dans l’œuvre de Maillol, démontrent que dès 1907 Maillol et Vollard s’orientent vers un nouveau fondeur : ils choisissent Florentin Godard ; le fruit d’une recherche commune pour réaliser des bronzes qui correspondaient au style des figures : donc des tirages qui n’étaient ni de facture grossière, ni travaillés jusqu’à l’extrême délicatesse, mais qui traduisaient avec justesse le modelé du sculpteur, grâce à une intervention minimale sur les surfaces et de sobres patines. On peut considérer que les bronzes Maillol-Godard sont sans doute à plus de 90% des bronzes fondus par Florentin Godard. C’est le cas de notre fonte au sable, qui comme souvent chez Godard ne porte pas la marque du fondeur.