Description
La nuque est découverte, la chevelure éparse, qui se confond avec l’eau, les courbes féminines opposent leur douceur et leur aspect poli comme de l’ivoire aux rochers laissés bruts avec les traces d’outils. Auguste Rodin ne choisit pas, comme dans l’iconographie traditionnelle, le moment du remplissage de la jarre, qui disparaît sous le corps épuisé, mais celui du désespoir devant l’inanité de la tâche. Sur un thème mythologique, les filles de Danaos – les Danaïdes – tuent leurs maris (et cousins) d’une épingle à cheveux en plein cœur. Jugées, elles sont condamnées pour l’éternité à remplir des jarres sans fond. C’est l’image du désespoir et de l’épuisement que Rodin met en scène, prétexte avoué pour sublimer les courbes de ce dos richement déployé. Le poète Rainer Maria Rilke écrivait que sa chevelure « liquide » se confondait avec l’eau s’écoulant de la jarre alors qu’elle reposait la tête « comme un grand sanglot sur son bras ». On aime aussi à dire que Camille Claudel serait le modèle …
Installé dans son atelier du 7e arrondissement, le sculpteur répond ici à une commande de l’État français inspirée de La Divine Comédie, de Dante, ainsi qu’une transposition des Fleurs du Mal, de Charles Baudelaire. La Danaïde ne fut finalement pas intégrée en définitive à La Porte de l’Enfer.
On recense au moins 25 exemplaires en bronze de la Danaïde, petit modèle, toutes versions confondues : Rodin fit exécuter au moins 9 exemplaires en bronze de 1889 à 1917 par la fonderie Alexis Rudier. Le Musée Rodin poursuivit l’édition avec au moins 7 exemplaires toujours par la fonderie Alexis Rudier de 1921 à 1942 ( notre exemplaire provient certainement de cette édition), puis 9 exemplaires par la fonderie Georges Rudier de 1961 à 1971.